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établissemens. Toutefois, ce n’est pas par cette cause unique que s’explique l’échec du plan d’études adopté par la convention ; il tient à d’autres circonstances qui ne laissent pas d’avoir leur importance et qui méritent en tout cas d’être notées. Par exemple, il est évident que la faiblesse de l’enseignement primaire dut rendre singulièrement difficile, la tâche des professeurs des écoles centrales. Les auteurs de la loi du 3 brumaire s’étaient figuré que l’organisation des deux degrés d’instruction primaire et secondaire pourrait être menée de front par leurs successeurs.

Or, le directoire n’avait pu qu’ébaucher cette partie de la tâche qui lui avait été léguée par la convention. L’argent, les hommes, la confiance des populations, tout lui avait manqué ; si bien que les écoles primaires étaient restées désertes et la loi généralement inexécutée. Dans ces conditions, le recrutement des écoles centrales en élèves ne pouvait qu’être d’une qualité fort inférieure. Et, de fait, c’est ce qui arriva. On retrouve ici dans les documens la même unanimité qu’en ce qui concerne le défaut d’ordre et de liaison des études.

« Citoyen ministre, écrivent le 20 frimaire an VII les processeurs de l’école centrale du Gard, toute la France a applaudi au choix honorable et éclairé du conseil que vous vous êtes donné pour réaliser les projets d’amélioration et de perfectionnement que vous avez conçu en faveur de l’éducation nationale… Nous aurions bien voulu vous soumettre les cahiers que nous dictons à nos élèves,.. mais les obstacles nombreux dont on a embarrassé l’organisation de l’école du Gard et la privation totale d’instruction préparatoire dans ces contrées ne nous ont pas permis de donner à nos cours, dès le commencement, le degré d’importance auquel nous espérons les élever ; il a fallu descendre en faveur de nos premiers disciples aux idées les plus élémentaires de chaque science. »

« Les jeunes gens de douze à treize ans qui fréquentent le ’cours de langues anciennes y arrivent sans instruction préliminaire, sachant à peine lire, écrivent les professeurs de l’école centrale des Ardennes. Chaque rentrée donne des élèves peu ou point préparés ; le professeur est obligé de se faire instituteur primaire. »