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IV

La division des cours. — La loi du 3 brumaire avait divisé l’enseignement des écoles centrales en trois sections comprenant : la première, un cours de dessin, un cours d’histoire naturelle, un cours de langues anciennes, et « lorsque les administrations départementales le jugeraient convenable et qu’elles en auraient obtenu l’autorisation du corps législatif[1], » un cours de langues vivantes ; la seconde, un cours de mathématiques élémentaires et un cours de physique et de chimie expérimentales ; la troisième, un cours d’histoire, un cours de législation, un cours de grammaire générale et un cours de belles-lettres ; soit, en tout, neuf cours au lieu des quatorze que la loi du 5 ventôse avait établis ; la durée normale de ces cours était de six années, car on n’était pas admis dans la première avant l’âge de douze ans, dans la seconde avant quatorze, et dans la troisième avant seize ans révolus.

Telles étaient les grandes lignes du plan « géométral » adopté par la convention ; après quatre années de tâtonnemens. Que valait ce plan d’études ? Quels progrès consacrait-il ? Quels en étaient d’autre part les lacunes et les vices ? C’est ce qu’il nous reste à examiner.

Une chose frappe tout d’abord dans cette nouvelle organisation de ce que nous appelons aujourd’hui l’enseignement secondaire : c’est l’importance accordée par le législateur à certaines branches d’études. Au seuil de l’édifice, — encore un mot de Lakanal, — apparaît le dessin, le dessin « qui n’avait été considéré jusque-là que relativement à la peinture, mais qui sous le rapport du perfectionnement des sens accoutume les yeux à saisir fortement les traits de la nature et est pour ainsi dire la géométrie des yeux comme la musique est celle de l’oreille[2]. » On retrouve ici manifestement l’influence, de Condillac et de l’école sensualiste. En effet, si les idées, viennent des sens, il s’ensuit que les études doivent commencer par la connaissance et la reproduction des objets sensibles. Si la vue d’un chêne, éveille en nous l’idée de force, la vue d’une hirondelle celle de vitesse et de légèreté, quel meilleur exercice pour des enfans que de leurs donner à copier des hirondelles et des chênes ? Quoi de mieux, non-seulement pour leur faire l’éducation de l’œil ou de la main, mais encore et surtout pour les mettre

  1. Le corps législatif ajourna toutes les demandes qui lui furent présentées à ce sujet.
  2. Lakanal, Rapport sur les écoles centrales.