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fissent pour attirer les candidats, la matière manque et nous les voyons obligés de s’adresser au gouvernement.

« Notre département est dans une pénurie presque absolue de sujets, écrit le jury de la Charente. À peine y trouvons-nous un professeur de mathématiques. Nous vous demandons de nous aider en cette circonstance. » (15 thermidor an IV.)

« Le jury d’instruction d’Alençon n’a pas encore nommé les professeurs de l’école centrale, écrit le 15 vendémiaire an V le commissaire du directoire exécutif ; aucun sujet ne s’est présenté. »

Et ainsi de tous. Partout les professeurs manquent, partout le corps enseignant souffre et se plaint. Le directoire a beau rappeler les administrations départementales à l’observation de leurs devoirs, il ne réussit pas même à obtenir d’elles l’envoi régulier des états des sommes à payer aux professeurs, témoin cette circulaire adressée, vers la fin de l’an VI, par le ministre de l’intérieur, aux administrations départementales :


« Citoyens,

« Nous touchons à la fin de l’an VI et presque rien n’est encore fait pour assurer aux professeurs des écoles centrales et aux instituteurs des écoles primaires le salaire modique des travaux de l’enseignement depuis le 1er germinal. L’instruction publique est une dette si sacrée que le retard de son paiement paraît inexcusable.

« Je ne peux voir qu’avec regret l’espèce d’abandon où languissent depuis six mois les instituteurs publics. L’administration vous avait demandé l’envoi des états des sommes payées par acomptes aux professeurs des écoles centrales et du complément à eux dû de leurs traitemens pour l’an V et l’an VI.

Le résultat de la correspondance ne me présente les états de l’an V que pour un très petit nombre de départemens et ceux de l’an VI que pour trente-quatre départemens seulement.

« Cette inexactitude a empêché jusqu’à ce jour l’effet de la loi. Elle a autorisé les réclamations et les plaintes. Il est triste de penser que toutes les mesures et les vues de l’administration générales sont entravées à chaque instant par le défaut des renseignemens et des réponses qu’elle a droit d’attendre de vous. »

C’est de ce l’on mélancolique et découragé qu’écrivaient les ministres du directoire aux administrations départementales. On comprend que ces dernières en aient pris à leur aise avec un gouvernement qui ne savait pas donner une forme plus énergique à l’expression de sa volonté et qui n’avait d’ailleurs aucun moyen de l’imposer.