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souhaiter de voir grandir les dépenses parce qu’elles auront pour conséquence ou d’ajouter au patrimoine national ou de faciliter et d’accélérer par des améliorations le développement de la richesse générale. Le service de la dette publique est le seul dont il soit à la fois possible et désirable de voir décroître la charge. L’Italie porte un fardeau qui peut paraître léger quand on le compare à celui que nos révolutions et nos folles entreprises nous ont contraint d’assumer ; il sera jugé bien lourd par ceux qui tiendront compte de la situation économique de ce pays, de la faiblesse de son industrie et du défaut d’aisance de la majorité de la population.

Le budget des prévisions pour 1882 a été présenté, le 15 septembre dernier, comme le veut la loi. Non-seulement la commission des finances a déjà terminé son examen et déposé son rapport ; mais les budgets de plusieurs ministères ont déjà été discutés et votés. C’est là une diligence que notre corps législatif et ses commissions feraient bien d’imiter. Ce budget prévoit 2,163,859,000 francs de recettes et 2,155,363,000 francs de dépenses ; ce qui laisse un excédent de recettes de 8,496,000 francs. On sera sans doute frappé de l’écart considérable qui existe entre ces chiffres et ceux du budget de 1881 ; mais cet écart n’est qu’apparent. L’augmentation de 700 millions que présentent simultanément les recettes et les dépenses est renfermée presque tout entière dans le compte du mouvement des fonds, et elle est transitoire. Elle tient à ce que les écritures de l’exercice 1882 doivent rendre compte des opérations qui se rattachent à trois mesures extrêmement importantes qui ont été votées dans la session de 1881, et qui sont l’abolition du cours forcé du papier-monnaie, le rachat des chemins de fers romains et l’institution d’une caisse spéciale pour le service des pensions. La première de ces opérations a nécessité un emprunt de 650 millions, sur lesquels 44 millions serviront à rembourser un emprunt de pareille somme fait autrefois à la Banque nationale, et le surplus, déduction faite des frais de commission, doit être consacré au retrait des deux tiers du papier-monnaie en circulation. Le rachat des chemins de fer romaine exige un capital de 22 millions que le ministre des finances doit également se procurer par une émission de rentes perpétuelles. Reproduit de ces deux emprunts doit figurer à la fois en recettes et en dépenses au compte du mouvement des fonda qui se trouve ainsi démesurément grossi, bien qu’il n’y ait, par rapport à 1881, d’autre augmentation de dépense que l’addition au chapitre de la dette publique de la rente nécessaire au service de ces deux emprunts. Le rachat des chemins de fer romains nécessite, en outre, d’autres modifications dans les écritures du budget : il faut, d’une part, supprimer des recettes les redevances que la