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Ordinaires. Il est à peine besoin de dire qu’on entend par dépenses ordinaires celles qui ont un caractère d’obligation et de permanence et se reproduisent tous les ans. Il est seulement à remarquer que des lois dites d’organisation ont arrêté, pour la distribution des services et le personnel des ministères, des cadres invariables, ont déterminé l’échelle des traitemens, et ont fixé en conséquence des chiffres de dépense dans les limites desquels les ministres sont tenus de se renfermer. Le parlement italien a ainsi prévenu ces perpétuelles créations d’emplois nouveaux et cette mobilité des traitemens qui sont au nombre des plaies du budget français en motivant de continuelles augmentations de crédits, l’examen du budget se trouve simplifié et abrégé par le grand nombre des dépenses dont le chiffre ne peut varier, au budget ordinaire figurent encore un certain nombre de comptes d’ordre, dits partite di giro, inscrits à la fois en recette et en dépense, et dont quelques-uns ne sont pas sans importance. Tels sont, par exemple, les 40 millions de rentes affectés à la garantie, du papier-monnaie en circulation et déposés par l’état à la caisse des dépôts et des prêts au compte du syndicat des banques chargées de l’émission de ce papier ; le trésor ne se paie point à lui-même les arrérages de ces rentes. Tels sont encore les loyers des bâtimens que le domaine public est censé louer aux diverses administrations de l’état pour l’installation de leurs services ; ces loyers ne se paient que par des viremens d’écritures. L’inscription de ces comptes au budget, dont ils grossissent les chiffres, peut sembler dictée par une recherche excessive de la régularité. On doit dire, toutefois, qu’en ce qui concerne les bâtimens domaniaux, la précaution qui en ramène tous les ans sous les yeux du parlement la liste et l’affectation n’est pas inutile, puisqu’elle empêche les administrations de conserver et en quelque sorte de s’approprier des immeubles dont elle peuvent n’avoir plus l’emploi et dont la trace serait bientôt perdue.

A la suite des recettes et des dépenses ordinaires viennent les reliquats des exercices antérieurs (residui attivi e passivi). On donne le nom de reliquats actifs aux impôts arriérés, aux paiemens en retard sur les acquisitions de biens domaniaux, aux contributions que les provinces, les villes ou les particuliers se sont engagés à payer pour l’exécution de certains travaux et qui n’ont pas encore été versées, en un mot, à doutes les créances à recouvrer par l’état. Les reliquats passifs comprennent, au contraire, les dépenses votées et non encore acquittées, les subventions promises par l’état et qui peuvent être rendues exigibles par l’accomplissement des conditions prévues au contrat et toutes les créances sur le trésor public. Ce compte des reliquats est le seul élément d’obscurité qui