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ministère espagnol soit à l’abri de tout danger ? Évidemment, il a besoin de beaucoup d’habileté et de décision dans la voie où il s’est engagé. Les opinions monarchiques du président du conseil de Madrid ne sont point douteuses, et M. Sagasta les a professées de nouveau avec autant de netteté que de force dans les derniers débats du congrès. Il a fermement défendu la constitution de 1876, sans déguiser néanmoins l’orgueilleux plaisir qu’il ressentait à trouver des appuis, ne fût-ce que des appuis éventuels, jusque dans les camps libéraux les plus avancés, Il resterait à savoir s’il n’y a pas en tout cela quelque équivoque, si le président du conseil serait en mesure de faire toutes les concessions qu’on lui demandera en échange de ces appuis, et c’est ici que M. Canovas del Castillo reprend l’avantage en montrant que c’est tout simplement la monarchie qui paie les frais des alliances recherchées par le gouvernement. La situation ne laisse pas d’être délicate. Il est bien clair que si M. Sagasta fait un pas de plus vers ses nouveaux amis de la démocratie, la première conséquence est la dislocation d’un cabinet fondé jusqu’ici sur l’alliance du président du conseil et de l’opinion représentée au pouvoir par le général Martinez Campos, M. Alonso Martinez, le marquis de la Vega y Armijo ; mais alors, ceux-ci en se retirant rentrent dans l’opposition et sont nécessairement ramenés un jour ou l’autre par leurs affinités conservatrices vers les amis de M. Canovas del Castillo. La lutte se ravive dans des conditions nouvelles. M. Sagasta hésitera vraisemblablement avant d’aller plus loin vers les camps démocratiques et de rompre une alliance qui avait fait la force de son cabinet, qui l’a aidé à suivre la politique qu’il a pratiquée jusqu’ici ; il hésitera d’autant plus selon toute apparence que, jusqu’à présent, dans la situation où il est, il a une majorité dans les cortès, et que pour tenter d’autres aventures, il risquerait de n’être suivi ni par la masse entière de cette majorité, ni peut-être par le roi lui-même.


Ch. de Mazade.




LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE.




La spéculation s’est comportée depuis quinze jours à l’égard du marché des fonds publics comme si la conversion du 5 pour 100 dût être un des premiers actes du cabinet, non pas une conversion savamment préparée, étayée de combinaisons puissantes, comportant à la