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REVUE DRAMATIQUE

Vaudeville : Odette, comédie en 4 actes de M. Victorien Sardou. — Ambigu-Comique : Le Petit Jacques, drame en 7 tableaux de M. William Busnach.

Ce mois de novembre a été mouillé de larmes. Le Petit Jacques, à l’Ambigu, Odette, au Vaudeville, ont ému les nerfs du public parisien. Si l’on juge d’un ouvrage d’après les pleurs qu’il fait répandre, il faut convenir que le niveau ou l’étiage d’Odette n’est inférieur à celui d’aucune œuvre représentée depuis longtemps, sinon justement à celui du Petit Jacques. Voilà, va-t-on penser, de quoi nous confondre : chaque mois, à cette place, nous trompettons la chute d’une dramaturgie condamnée, et l’apparition heureuse de la Jéricho nouvelle ; nous faisons savoir au monde que le règne des caractères et du style, au théâtre, est tout proche, et voici que triomphent à la fois MM. William Busnach et Victorien Sardou, ces représentans accrédités du mélodrame et de la pièce d’intrigue ; nous sommes de faux prophètes, des imposteurs ou des sots et

Les gens que nous tuons se portent assez bien !

Cependant que nos adversaires ne se hâtent pas de railler, et si quelqu’un a mis sa confiance en nous, qu’il se rassure ; qu’il attende au moins, pour nous la retirer, de connaître ces deux pièces autrement que par l’affiche. Du Petit Jacques et de son succès nous verrons tout à l’heure ce qu’il faut penser, et si ce nouvel exemple est favorable ou contraire à nos doctrines. Commençons par Odette sans faire languir davantage la curiosité du lecteur. Odette mérite d’être acclamée, je le