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LE
SOCIALISME DE M. DE BISMARCK
ET LE
NOUVEAU REICHSTAG

Si l’Allemagne n’est pas une monarchie parlementaire, le parlement y exerce du moins un droit de veto absolu ou suspensif, qui oblige M. de Bismarck à compter sans cesse avec les partis pour obtenir leur concours ou désarmer leur résistance ; le succès de sa politique intérieure est à ce prix. Parmi les groupes dont se compose le Reichstag, il en est qui sont disposés à lui accorder avec plus ou moins de bonne grâce tout ce qu’il demande : ce sont les conservateurs prussiens et allemands et ce qu’on appelle le parti de l’empire. Un autre groupe ne demande pas mieux que d’entrer en marché avec lui, mais il se réserve le bénéfice d’inventaire, et, craignant sans cesse d’être dupe, il exige des garanties, des otages et du retour : c’est le parti du centre catholique. Il en est un troisième qui, joignant à la complaisance l’esprit de chicane, commence toujours par dire non et finit par dire oui : ce sont les nationaux-libéraux, que dirige M. de Bennigsen. Il est enfin nombre de députés dont la fierté naturelle dit non jusqu’à la fin et qui peuvent se vanter que ce non, fermement prononcé, est un mur d’airain : ce sont les progressistes et leurs nouveaux amis, les sécessionnistes.