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ÉTUDES DIPLOMATIQUES

LA PREMIÈRE LUTTE DE FRÉDÉRIC II ET MARIE-THÉRÈSE
D’APRÈS DES DOCUMENS NOUVEAUX



II.[1]

INVASION DE LA SILÉSIE. — INTERVENTION DE LA FRANCE.


Quand tout était ainsi en rumeur à Berlin, il semble que c’est à Vienne surtout que l’émotion aurait dû être la plus vive. Mais, chose singulière, de tous les centres politiques d’Europe, Vienne fut au contraire celui où on prit souci le plus tard des dispositions belliqueuses de Frédéric. Ce ne fut pas la faute du résident autrichien à Berlin, Demerath, qui avait donné l’éveil dès le premier jour. Mais la jeune reine répondait à ces sinistres pronostics par un sourire incrédule. Douée d’un courage et d’un génie qui devançaient les années, Marie-Thérèse gardait encore quelque chose de la confiance ingénue et des honnêtes illusions de son âge. N’ayant encore fait la cruelle épreuve ni de la perversité humaine, ni de la sécheresse égoïste des politiques, elle croyait au bien, à l’honneur, à tous les nobles sentimens qu’elle portait elle-même gravés dans son cœur.

  1. Voyez la Revue du 15 novembre.