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l’assentiment des actionnaires pour l’exécution de ces projets. Il compte que la fusion assurera à la Banque d’escompte 25 millions de bénéfice, à l’aide desquels un versement de 125 francs sur les actions serait opéré sans que les actionnaires eussent rien à payer. Les actions, après ce versement, seraient mises au porteur.

La constitution du nouveau ministère a remis sur le tapis la question du rachat des chemins de fer. Aussitôt le Lyon a fléchi de 1,800 à 1,750 et le Nord de 2,175 à 2,125. Les craintes auxquelles la spéculation s’est ainsi abandonnée paraissent absolument chimériques. Les plus fougueux partisans du système du rachat ne vont pas pour l’instant au-delà de l’acquisition par l’état du réseau de la compagnie d’Orléans.

La réaction très vive qui a frappé les chemins étrangers s’explique suffisamment par les tendances générales du marché ; de plus, les augmentations de recettes ne sont plus aussi soutenues qu’il y a quelques mois. Les résultats de l’exercice 1881 peuvent causer certaines désillusions.

Sur les valeurs industrielles la baisse a rencontré une résistance sérieuse. Malgré l’intérêt qu’a excité l’exposition d’électricité et le succès réel qu’ont obtenu les divers modes d’éclairage électrique par l’incandescence, les actions du Gaz se sont remarquablement bien tenues et ne s’éloignent que peu du cours de 1,700 francs.

Le Suez a encore progressé de 10 francs, tandis que la Part civile a gagné 50 francs et la Part de fondateur 85 francs. Le paiement d’un a-compte sur le dividende a été annoncé ; le montant des recettes réalisés permet de croire que le dividende total pour 1881 pourra atteindre 65 francs.

On s’est peu occupé de l’Italien depuis le commencement du mois, bien que la formalité gênante de la présentation des titres pour le paiement des coupons vienne d’être supprimée. Les valeurs turques ont largement baissé. La spéculation à la hausse s’est liquidée à Londres et à Paris sur la nouvelle que l’arrangement définitif élaboré à Constantinople ne donnerait pas plus de 1 pour 100 d’intérêt et de 1/2 ou même 1/4 d’amortissement sur le prix d’émission des différens emprunts, soit, par exemple, environ 60 centimes d’intérêt annuel sur les titres de la dette générale, et de 3 à 4 francs sur les divers types des obligations 6 pour 100. Il ne s’agirait là, il est vrai, que d’un minimum ; mais des porteurs de 5 pour 100 turc s’étaient imaginé que la Porte pourrait donner au moins 1 franc d’intérêt au lieu de 5. Ils ont vendu sur ce simple calcul que du nouveau Turc à 12 francs, rapportant 60 centimes, ne constituerait encore qu’un placement à 5 pour 100.


Le directeur-gérant : G. BULOZ.