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mouvement d’affaires considérable. De la capitale, l’exemple a déjà été suivi dans plusieurs grandes villes ; les localités recherchées pour leur situation privilégiée ou leur caractère spécial, comme les bords de la mer et les stations de bains, en voient chaque jour surgir d’heureuses imitations ; il ne manquera pas de s’en produite d’autres, et la combinaison des groupes de constructeurs absorbera encore bien des millions de francs ; mais de tous les modes nouveaux de constituer la propriété immobilière, celui qui promet les résultats les plus considérables est la création des nouvelles sociétés foncières, qui datent à peine de deux ou trois ans.

La première fondée, la Rente foncière, est, pour ainsi dire, un démembrement de l’ancienne Société immobilière, dont la dissolution avait été prononcée en 1872 et dont la société de Crédit mobilier renouvelée elle-même restait le principal créancier. Une combinaison naturelle vint à l’aide des deux établissemens et facilita la liquidation du débiteur ; ce fut la formation d’un groupe nouveau, patronné par le Crédit mobilier, qui racheta à la Compagnie immobilière les plus importans des immeubles qu’elle possédait encore, entre autres le Grand Hôtel du boulevard des Capucines. La Rente foncière fondée au capital de 40 millions et présidée par M. le baron Haussmann, a conclu immédiatement avec le Crédit foncier un traité très avantageux en vertu duquel la moitié des immeubles possédés par elle pourrait à concurrence de 50 pour 100 de leur valeur devenir le gage de prêts consentis à un intérêt inférieur à 5 pour 100, jusqu’à une limite de 200 millions de francs.

La Société des immeubles de Paris, presque contemporaine de la Rente foncière, a pris naissance sous le patronage de la Banque hypothécaire de France, rivale du Crédit foncier. Il va sans dire que les sociétés dont le but est l’acquisition d’immeubles ont besoin sans cesse de capitaux pour pouvoir se développer ; quelle qu’en soit l’importance, le capital social ne peut leur suffire, elles ne progressent qu’en empruntant : si donc elles trouvent à émettre des obligations dont l’intérêt et l’amortissement restent inférieurs au revenu des immeubles achetés ou construits, aucun mode d’emprunt n’est préférable. A défaut d’émission d’obligations, si un établissement ami leur procure à des conditions modérées l’argent nécessaire, le résultat sera le même et le bénéfice certain. La Banque hypothécaire a joué. auprès de la Société des Immeubles parisiens, comme le Crédit foncier auprès de la Rente foncière, le rôle de prêteur utile et bienveillant.

C’est avec des conditions de succès peut-être encore plus certaines que viennent d’être créées la Foncière lyonnaise et la Foncière de France et d’Algérie, au même capital que la Société des immeubles, soit 100 millions de francs chacune. Le conseil d’administration de la Foncière lyonnaise est présidé par M. Henry Germain,