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La Banque de France, il y a huit jours, était cotée 6,850, Malgré la hausse de l’escompte et la progression remarquable des bénéfices pendant le second semestre, ce titre a reculé de 500 francs à 6,350 ; la vente d’un stock assez gros d’actions de la Banque de France par le Crédit lyonnais a déterminé un certain nombre d’acheteurs à lâcher prise.

Les titres de la plupart des institutions de crédit ont payé leur tribut au mouvement de baisse. Le Crédit foncier a perdu 80 francs à 1, 680, la Banque de Paris 60 à 1,250, le Crédit lyonnais 65 à 855, la Société générale 60 à 830, le Crédit général français 40 à 810, la Banque franco-égyptienne 90 à 885, la Banque d’escompte 45 à 860, le Mobilier espagnol 85 à 845, le Foncier d’Autriche 40 à 900.

Tout au contraire, l’Union générale, contre laquelle tant de colères se sont déchaînées, a monté de 2,375 à 2,500 francs, et la Banque des pays autrichiens s’est maintenue à 1,200 francs. Les rachats des vendeurs à découvert et l’approche de l’assemblée générale du 5 novembre ont été pour beaucoup dans cette inébranlable fermeté.

La baisse a été de 80 fr. sur le Lyon, de 55 sur le Midi, de 100 fr. sur le Nord, de 35 sur l’Orléans, de 50 sur l’Autrichien et sur le Lombard, de 15 fr. sur le Nord de l’Espagne, de 25 fr. sur le Saragosse.

Les valeurs industrielles ont aussi baissé : le Suez de 85 fr., la Part civile de 60, le Gaz de 70, la Transatlantique de 20, les Voitures de 65, les Omnibus de 70.

Depuis huit jours, il se fait de tous côtés des efforts énergiques pour prévenir le renouvellement, en liquidation de fin octobre, des embarras si graves auxquels s’est heurtée la liquidation du 15. Le sentiment du danger commun a opéré des rapprochemens et assoupi des rivalités. On a compris que, si, le 2 et 3 novembre, la spéculation se voyait refuser le crédit, la crise qui éclaterait ferait des victimes dans tous les camps et compromettrait également les intérêts de tous. On peut donc supposer que les institutions de crédit et les agens de change seront d’accord pour mettre à la disposition de la place la plus grande masse possible de capitaux. A vouloir arrêter instantanément la spéculation, on briserait le marché ; tandis qu’en tenant les reports à un taux élevé, mais accessible, on rendra possible un allégement successif des positions et le retour prochain à une situation normale.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.