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En quittant ce foyer qui ne m’avait pas satisfait, je redescendis lentement l’escalier d’honneur qui me frappa de nouveau par le contraste et où je me sentis réchauffé par l’abondante clarté. Je récapitulai la complication de l’ancien système, la multiplicité de ses organes, la faiblesse de ses effets, ce qu’il avait exigé de constructions, ce qu’il avait multiplié de travaux inutiles, combien il avait embarrassé les architectes, combien il avait englouti de dépenses. Je me représentai, d’autre part, la puissance, la simplicité des appareils électriques, la facilité de les approprier à nos besoins, ce qu’ils apporteraient de satisfactions au luxe, à l’élégance, à la sécurité publique, et, chemin faisant, je me retrouvai dans la nuit des rues avoisinantes, d’autant plus profonde et plus triste qu’elle succédait à un plus grand éclat. En face de luminaires qui parvenaient à peine à la diminuer, je ne pus m’empêcher de subir sans l’avoir provoquée une conviction inéluctable. Nous sommes arrêtés par un système qui a fait son temps, à l’aurore d’un progrès indéniable ; il faut renoncer à ce qui ne suffit plus et développer les promesses de l’avenir, donner bénévolement à l’électricité la place qu’elle prend d’autorité et que nulle coalition, nulle résistance ne peut l’empêcher de garder désormais.


J. JAMIN.