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on faisait l’offrande pour eux, comme s’ils vivaient encore ; on mêlait leur nom aux prières qui précédaient la consécration ; on mangeait le pain en communion avec eux. Le culte des saints, par lequel le paganisme se refit sa place dans l’église, les prières pour les morts, source des plus grands abus du moyen âge, tenaient ainsi à ce qu’il y eût dans le christianisme primitif de plus élevé et de plus pur.

Le chant ecclésiastique exista de très bonne heure et fut une des expressions de la conscience chrétienne. Il s’appliquait à des hymnes dont la composition était libre et dont nous avons un spécimen dans l’hymne à Christ de Clément d’Alexandrie. Le rythme était court et léger ; c’était celui des chansons du temps, de celles, par exemple, que l’on prêtait à Anacréon. Il n’avait rien de commun, en tout cas, avec le récitatif des Psaumes. On en peut retrouver quelque écho dans la liturgie pascale de nos églises, qui a particulièrement conservé son air archaïque, dans le Victimæ paschali, dans l’O filii et filiæ et l’Alleluia judéo-chrétien. Le carmen antelucanum dont parle Pline, ou l’office in galli cantu, se retrouve probablement dans l’Hymnum dicat turba fratrum, surtout dans la strophe suivante, dont le son argentin nous redit presque l’air sur lequel elle était chantée :