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là le retrait des glaciers, mais ce retrait, d’autre part, ayant mis un temps très long à s’accomplir, on conçoit à quel point la présence des masses glaciaires longtemps persistantes dut contribuer à accroître la rigueur du nouveau climat.

D’ailleurs, le froid le plus intense n’a pu coïncider avec la plus grande extension des glaciers, puisqu’alors le froid aurait diminué immédiatement après cette époque, et les mammouths, qui ont certainement survécu au moment de la plus grande extension et vécu un certain temps associés au renne, dans l’âge où dominait ce dernier, auraient profité eux-mêmes de l’adoucissement survenu pour se répandre et se multiplier de nouveau.

Les indices d’une diminution croissante de l’humidité dans l’âge du renne et des glaciers en voie de retrait nous sont fournis, non-seulement par ce retrait même, qui implique des chutes de neige de moins en moins abondantes sur les hauts sommets, mais encore par les tufs ou concrétions calcaires, œuvre des sources, qui s’atténuent de manière à perdre à la fois de leur étendue et de leur consistance ; ils sont graduellement ramenés aux proportions modestes que nous leur connaissons de nos jours. C’est dans la partie jeune de l’un de ces tufs quaternaires, aux environs d’Aix, que M. le professeur Mariona recueilli dernièrement deux instrumens du type de la Madelaine incrustés par la concrétion calcaire. L’aspect de la roche et la nature des empreintes végétales qu’elle renferme montrent que les anciennes conditions de climat n’étaient alors plus les mêmes. Le tuf de Saint-Antonin ne présente ni le laurier des Canaries, ni le pin de Montpellier, à l’exemple des tufs plus anciens des Aygalades et de Meyragues ; mais la trouvaille précieuse de M. Marion atteste la présence de l’homme sur les lieux à une date postérieure, qu’il est passible de déterminer.

Cette race de troglodytes, plus récente et plus diffuse que celle de Saint-Acheul qui ne semble pas avoir jamais pénétré dans la vallée inférieure du Rhône, plus intelligente, mieux protégée, était aussi plus industrieuse. Elle vivait de chasse, mangeait le cerf et le lapin en Provence, le renne dans le reste de la France, le cheval à Solutré. Comme sa devancière, cette race a été l’objet des études de bien des savans, à partir de M. E. Lartet. C’est celle que MM. de Quatrefages et Hamy ont nommée la race de Cros-Magnon. Avec elle, l’intelligence et l’idéal commencent à se manifester. Les ornemens gravés, la reproduction graphique des animaux, les bâtons de commandement témoignent de l’éveil de cette faculté maîtresse, l’imagination, d’où l’homme a tiré tout ce qu’il sait, au moyen de laquelle il a senti s’éveiller en lui l’attrait du beau et le désir d’apprendre.

Au moyen de ces deux races superposées, nous atteignons le terme