un type depuis longtemps perdu, en le faisant revivre chez quelques-uns de ses descendans? La fréquence relative de ce type en Irlande indiquerait-il que la race de Canstadt, avant de s’éteindre, aurait contracté dans cette île des alliances avec celles qui lui ont succédé? C’est là évidemment un problème insoluble. L’immense variété des plans de structure chez les peuples civilisés contraste avec l’uniformité qui préside à la conformation physique des tribus sauvages. Chez elles, les générations se succèdent sans apporter de changemens à la manière d’agir et de vivre; elles sont jetées dans un moule qui ne se modifie jamais. Mais il en est autrement de nos populations où, toutes les causes de perturbation agissant sans trêve, toutes les combinaisons possibles doivent à la fin se réaliser, celles qui prédominaient dans les âges les plus reculés, à côté de celles qui appartiennent en propre aux temps modernes. Les «dolichoplatycéphales » actuels attestent seulement que leurs devanciers, conformés normalement comme ils le sont eux-mêmes par accident, étaient bien des hommes, non pas sans doute des littérateurs, des artistes ni des philosophes, mais des individus actifs, industrieux, capables de se défendre, de se procurer des vivres et sans doute aussi de se loger.
Le tableau est maintenant tracé dans ses traits les plus essentiels. Nous voyons d’ici l’Europe des premiers âges quaternaires envahie au nord et au centre par les glaciers, mais libre sur d’autres points, à l’ouest et au sud. Divisée en vallées ouvertes que parcourent des fleuves larges et puissans, couverte de bois et parsemée de vastes prairies, elle est peuplée d’éléphans, de rhinocéros, d’équidés et de nombreux ruminans. Elle possède aussi des bêtes féroces, moins redoutables pourtant que dans l’âge suivant; enfin, elle a des hommes qui errent à l’air libre et n’éprouvent pas encore le besoin de se réfugier au fond des cavernes. Cependant, par un effet naturel des événemens, la distribution des diverses troupes d’animaux avait eu lieu selon les régions les plus favorables à chacune de leurs races. L’éléphant antique s’était retiré au midi, vers les parages de la Méditerranée actuelle. Le rhinocéros de Merck, la hyène tachetée, le grand porc-épic l’avaient suivi. L’hippopotame, perdant ses proportions premières, tendait à se confondre de jour en jour avec l’hippopotame « amphibie » des fleuves africains. Le mammouth et le rhinocéros à narines cloisonnées, garantis contre le froid par une toison épaisse et laineuse s’étaient multipliés dans le nord, où leur aire d’extension correspond peu à près avec celle de l’homme de Saint-Acheul. Les étés étaient alors tempérés, exempts de grandes