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où habitaient alors les éléphans et où les glaces n’étaient pas établies à demeure. Ailleurs, au contraire, ces glaces, devenues permanentes, détruisaient les forêts, favorisaient l’extension des plantes alpines et celle des animaux caractéristiques des régions froides. Il existait donc réellement une cause d’égalisation des climats pour une partie de l’Europe, comprenant surtout l’ouest et le sud de ce continent, et cette cause d’égalisation qui se résume dans une humidité considérable et permanente était alors commune à la partie septentrionale de l’Afrique, qui partageait, à ce point de vue, les conditions propres à notre continent. L’examen de la flore va, du reste, nous convaincre de la réalité de ce fait, et puisque alors des animaux comme les éléphans, qui consomment pour se nourrir une énorme quantité de substances végétales, trouvaient à vivre sur notre sol, celui-ci devait être couvert de prairies et de forêts luxuriantes. La supposition contraire serait une anomalie inconcevable ; un coup d’oeil sur les végétaux caractéristiques de la première moitié des temps quaternaires achève! a de nous convaincre.


III.

Pour bien apprécier cette flore, il faut remarquer que les tufs d’où proviennent ses élémens constituent un phénomène analogue dans sa marche à celui de l’extension des glaciers et qui a dû se produire parallèlement. L’extension glaciaire, nous l’avons vu, commence à se manifester avant le quaternaire. Elle met ensuite un temps fort long à atteindre ses limites extrêmes, mais, une fois inaugurée, elle ne s’arrête pas. L’abondance des sources jaillissantes d’où les tufs prennent naissance se fait également sentir dès la fin du tertiaire; les tufs toscans sont en partie pliocènes et se rattachent plus ou moins à l’horizon de l’éléphant « méridional; » à côté des espèces actuelles, on en observe d’autres, qui sont éteintes; puis, à partir de ce premier âge, ces tufs continuent à se déposer. En Provence, les tufs de Roquevaire, explorés par M. le professeur Marion, se rattachent également au pliocène, puisqu’ils renferment encore les vestiges du dernier palmier qui ait habité la France. Mais ensuite, de même qu’en ce qui concerne l’extension glaciaire, le phénomène une fois inauguré persiste et se prolonge, les sources, que l’humidité régnante ne cesse d’alimenter, continuent de couler en accumulant par nappes superposées les masses qu’elles déposent. Le temps marche, et les empreintes recueillies sont presque partout quaternaires, c’est-à-dire qu’elles accusent un changement considérable à partir du moment où les espèces végétales recueillies dans la fosse de l’éléphant « méridional » du Gard nous avaient