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REVUE DRAMATIQUE

L’ODÉON ET LE GYMNASE. — LÊA.

Après Œdipe roi, paulo minora... Mais peut-être il est temps de déclarer, pour rassurer nos lecteurs, que si je réclame chaque mois, à cette place, l’accord de la littérature et du théâtre, si je le souhaite et si je l’espère, je ne suis pourtant pas fou. Une fois le mois, je demande, — avec une constance dans la doctrine qui s’ingénie à s’excuser par la variété des exemples, — je demande, à propos d’Œdipe comme à propos du Voyage d’agrément, que les auteurs s’occupent un peu moins d’inventer des situations et de combiner des événemens, un peu plus d’étudier et d’exprimer des caractères ou de peindre des mœurs, en un mot que le souci de l’intrigue cesse de l’emporter, chez eux, sur les soucis plus nobles de la psychologie et du style. Je ne dis pas cependant qu’on puisse se passer de situations : il faut des planches où les personnages se tiennent; — ni d’intrigue : ces personnages ne peuvent défiler sur un même plan ; — je dis seulement que la situation ne doit être qu’une occasion choisie d’expériences sur des caractères ou d’observation sur des mœurs, et que l’intrigue ne doit être que le rapport nécessaire de ces expériences ou de ces observations.

Je dis qu’il n’est pas besoin d’accumuler les événemens pour nous émouvoir ou nous faire rire; mais je reconnais qu’il est sage, pour peu qu’on ne soit pas un génie, de disposer ces événemens selon certaines coutumes passées en lois au théâtre. J’avoue que je préfère au Duc de Kandos, l’Œdipe roi et même l’Assommoir, — auquel, par parenthèse, Mlle Massin et M. Montigny, un débutant, viennent de donner un regain