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nu. Si on pouvait les observer avec un grossissement de soixante, on en verrait deux cent soixante fois plus, et en faisant l’addition pour l’année et la terre entières, on arrive au respectable total de soixante-cinq milliards. Comme la terre n’est qu’un point dans l’espace, on peut juger de la libéralité qui a dispersé dans l’espace les corpuscules cosmiques.

Ainsi la terre est perpétuellement bombardée par une pluie incessante de corps, gros ou petits, réguliers ou sporadiques. Il est clair qu’elle s’en nourrit, que son volume et sa masse augmentent, que sa vitesse orbitaire diminue et que, se rapprochant continuellement du soleil, elle doit finir par y tomber, mais elle le fait si lentement qu’on peut n’en point parler. Voici le calcul que fait M. Schwedof. Herschel admet qu’une étoile filante ayant l’éclat de Sirius ne pèse que 238 grammes : mettons 1,000. En réunissant les 65 milliards d’étoiles filantes annuelles et multipliant leur masse par le nombre d’années écoulées depuis vingt siècles, on ferait une sphère d’eau dont le rayon dépasserait à peine 3 kilomètres et qui, répandue sur le sol, n’y aurait que l’épaisseur d’une toile d’araignée. La terre a donc éprouvé depuis vingt siècles un accroissement de poids si petit qu’il ne faut point s’en occuper et qui n’a pu modifier en rien son allure.

Il n’en est point de même de la chaleur qu’elle reçoit des bolides. Un calcul très simple montre que, si une météorite du poids de 1 kilogramme venait à rencontrer la terre avec une vitesse de 100 kilomètres et à s’y arrêter, toute sa vitesse se transformerait en une quantité de chaleur capable de porter 1 kilogramme d’eau à plus d’un million de degrés. Ce résultat va nous mener à des conséquences importantes[1]. Évidemment la terre a reçu bien souvent le choc de masses pareilles animées d’aussi grandes vitesses, les cabinets d’histoire naturelle sont remplis de fragmens tombés du ciel, surtout celui de Paris, où M. Daubrée les recueille avec un soin qui ne se fatigue pas. On a trouvé en Sibérie une masse de fer météorique de 700 kilogrammes ; toutes ont apporté à la terre des

  1. La demi-force vive d’une météorite, 1/2 mv2 est égale à la quantité de chaleur que produirait son arrêt, multipliée par l’équivalent mécanique de la chaleur qui est égal à 430.

    C= ½ mv2 1/430 = 0,000117 p. V2.
    Si p-= 1 k, v = 1m C = 0,000117
    v= 1000 C = 117
    v= 10000 C = 11700
    v = 100000 C= 1170000

    Un kilogramme avec une vitesse de 100 kilomètres produit donc 1,170,000 calories et peut élever 1 kilogramme d’eau à 1,170,000 degrés.