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ici le lieu d’insister sur le rôle capital de cette circulation ; il suffit d’avoir montré sa nécessité, sa constance et son étendue, et rappelé sa théorie due au célèbre Halley.

Cette circulation existerait encore, mais changerait ses conditions si la terre, au lieu de tourner sur elle-même, présentait toujours la même l’ace au soleil. L’anneau d’aspiration se réduirait à un point, les alizés y convergeraient de toutes les directions, les contre-alizés en divergeraient dans tous les sens; tous les points de la terre enverraient à ce sommet de l’air froid qui s’y échaufferait, s’élèverait en faisceau conique vers le soleil, s’évaserait, s’infléchirait vers l’arrière et finalement fuirait le soleil par le chemin des hauteurs. Il est bien évident que ce double mouvement aurait d’autant plus d’énergie que la terre approcherait plus du soleil, que son atmosphère aurait plus d’étendue et qu’il y aurait plus de matières à évaporer : cela ne suppose aucune force répulsive spéciale.

Arrivons aux comètes. Quand elles sont loin, ce sont des nébuleuses rondes. Au centre, le noyau, les matières denses, puis les liquides, puis les gaz à l’extérieur : une atmosphère énorme, un noyau très petit. Ce noyau avait 1,600 kilomètres dans la comète de Donati, l’atmosphère en mesurait 2,000,000, pendant que la terre, avec un diamètre de 12,000 kilomètres, est recouverte d’une pellicule d’air au plus égale à 200 kilomètres. Tout se réunit donc dans les comètes pour développer sous l’action solaire les plus grandioses mouvemens atmosphériques, de même nature, mais incomparablement plus accentués que sur la terre.

Comme les comètes n’ont aucun mouvement de rotation, elles présentent toujours la même face au soleil, et c’est le deuxième mode d’échauffement qui a lieu. Il y a une double circulation atmosphérique; une ébullition active se produit en face du soleil, elle appelle l’air froid de toutes les parties et de l’arrière du noyau, et les contre-alizés extérieurs s’éloignent du sommet comme s’il existait une force répulsive venue du soleil agissant sur la surface extérieure de l’atmosphère cométaire et n’agissant qu’à l’extérieur. En réalité, il n’y a point d’action répulsive ; en fait, tout se passe comme si elle existait. Ainsi repoussés, les contre-alizés dépassent la limite de l’atmosphère cométaire, quittent pour jamais l’astre dont ils faisaient partie, s’éloignent indéfiniment et se perdent finalement dans l’espace.


VI.

Nous ne sommes plus au temps où l’on croyait aux présages, où l’astrologie judiciaire rendait des arrêts respectés et où l’on regardait