Nous n’avons point épuisé la liste de ces hypothèses; en voici une qui se recommande par le nom de son auteur. M. Faye suppose tout simplement que le soleil exerce deux actions : par l’une il attire, c’est la gravitation par l’autre, qui est due à sa chaleur, il repousse les matériaux cométaires ; il les repousse d’autant plus qu’ils sont moins denses. Il agit sur les surfaces, non sur les masses ; il les souffle comme le vent souffle une voile. Alors tout s’explique, les matériaux les plus légers, ceux qui sont à l’extérieur de l’auréole, sont soufflés dans la queue. En somme, cela revient à dire que les matières de la comète sont chassées loin du soleil quia est in eo virtus repulsiva, cujus... Rien n’est plus facile, quand on se trouve en présence d’un phénomène mystérieux, que de créer une force spéciale pour l’expliquer. On la fait agir en raison directe ou inverse de la distance ou de son carré ou de son cube, en raison directe ou inverse de la surface ou de la masse ou de tout ce qu’on veut. Comme on n’a d’autre but que d’en déduire l’explication désirée, on la pare de toutes les vertus qu’il faut qu’elle ait pour y satisfaire, et naturellement elle atteint le but puisqu’elle a été créée tout exprès pour cela. Les physiciens d’autrefois usaient naïvement de ce procédé; ils avaient inventé les quatre fluides, calorique, lumineux, électrique et magnétique, la force coercitive, catalytique, électromotrice, etc. ; il n’en reste plus rien. Les savans d’aujourd’hui mettent à refuser toute force nouvelle autant de soins que ceux d’autrefois montraient d’ardeur à l’imaginer. Quand ils ne savent point, ils se font un point d’honneur de l’avouer et une règle de conduite d’attendre.
Est-ce ici le cas? le phénomène est-il si mystérieux qu’on ne puisse en concevoir le mécanisme sans créer des forces nouvelles? Je ne le crois pas. Consultons les analogies qui existent entre la terre et les comètes. Sur la terre, les rayons solaires frappent à plomb tous les points d’un cercle voisin de l’équateur. Ce sont les parties du globe qui reçoivent à midi le plus grand échauffement ; ils constituent ce qu’on nomme l’anneau d’aspiration. L’air, en effet, s’y raréfie, s’y élève, fait un appel soit vers le nord, soit vers le sud et détermine deux courans gazeux : les vents alizés. Permanens, réguliers, venant des contrées tempérées, échauffés progressivement dans leur trajet, entraînant avec eux une ardente évaporation, ces courans se rencontrent sur l’anneau pour s’élever jusqu’à la limite supérieure de l’air; là ils s’étalent, puis, prenant une direction contraire, ils retournent, l’un vers le nord, l’autre vers le sud : ce sont les contre-alizés. Il y a donc des deux côtés de l’anneau d’aspiration deux courans atmosphériques fermés enveloppant le globe tout entier, venus froids des pôles en rasant la terre et y retournant, réchauffés, par le chemin des hauteurs. Ce n’est point