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cause. Puis il y a celles qui décrivent des ellipses assez allongées pour les transporter très loin du système planétaire. On ne sait ce qu’elles peuvent y rencontrer de causes perturbatrices ; telle est la fameuse comète de Newton ou de 1680, qui, après avoir passé à 60 mille lieues de la surface solaire, s’en éloigne à 36 milliards de lieues et ne doit revenir que dans 8813 années : nous avons le temps d’attendre. Le voyage de la comète de 1864 doit durer plus de 2 millions d’années ; il ne faut point en parler. Restreignons la question à celles dont la période, relativement courte, ne dépasse pas deux ou trois siècles .

Or, celles-ci peuvent venir sans être vues, par suite du mauvais temps ou par la présence de la lune qui gêne les observations. Quelques-unes passent entre le soleil et la terre, dans l’écliptique ; elles se lèvent et se couchent avec le jour et nous échappent. Cela fit manquer l’observation de retours qui se sont retrouvés ultérieurement. Enfin, il y a les perturbations planétaires qui ont effacé la comète de Lexell. Jupiter surtout exerce une’ action prépondérante. Cet astre est 1,500 fois aussi gros que la terre. La pesanteur des corps y est deux fois et demie plus grande que chez nous, et comme sa révolution est de douze années environ, il y a des chances de passer loin et des possibilités de passer tout près, de ne pas subir son action ou d’y céder, de montrer d’abord et de perdre ensuite la régularité des périodes. La comète de Faye paraît nous être venue vers 14A7 ; elle disparaîtra peut-être un jour comme celle de Lexell. Celle de Encke paraît avoir reçu cette année une forte atteinte ; ce sont là des irrégularités prévues ; on les calcule, et loin d’être une objection à la loi, elles y apportent une éclatante confirmation. Mais elles n’expliquent aucunement la disparition de la comète de Charles-Quint. Il faut qu’il y ait d’autres causes de dissolution. Le hasard, on va le voir, a mis sur la voie d’un mode singulier de transformation.

Le major autrichien Biela découvrit en 1826 à Johannisberg une comète à laquelle il a, suivant l’usage, donné son nom ; dix jours après Gambard l’observait à Marseille et calculait ses élémens : c’étaient les mêmes que ceux d’une autre comète déjà vue deux fois, en 1772 et en 1805. Sa période étant de 6 ans 1/2, elle avait dû passer plusieurs fois sans être vue. Damoiseau calcula son retour pour 1832 ; elle fut exacte ; elle revint encore en 1838 et 1846 ; elle semblait avoir pris rang définitivement parmi les plus fidèles, quand, à cette dernière époque, elle fut l’objet d’un curieux bouleversement. M. Valz l’avait vue le 20 janvier, sans y rien remarquer d’extraordinaire ; il la revit le 27 après une interruption de sept jours causée par la pluie et il la revit double ; elle s’était fendue en deux