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LES COMÈTES

L’univers, auquel on ne connaît, auquel on ne conçoit aucune borne, est occupé jusqu’à l’infini par de rares étoiles jetées comme au hasard et sans relations entre elles; chacune est le centre d’un monde inconnu des autres, mais l’espace qui les sépare n’est point tout à fait vide ; il contient des particules matérielles de toute taille, quelquefois volumineuses, souvent très ténues, comme l’air contient des poussières, et il est parcouru dans tous les sens et à tout moment par des astres errans, à figure étrange, les comètes ; vagabonds désœuvrés, comme disait Sénèque, balayeuses célestes, suivant les Chinois. Leur nombre est prodigieux, leurs dimensions sont immenses; elles viennent de tous les points, s’échappent dans toutes les directions, affectent toute liberté de circulation, ne s’approchent de nous que le temps nécessaire pour nous regarder, nous effrayer, et nous fuir. Cette liberté pourtant n’est absolue qu’en apparence, elle est limitée par les lois naturelles auxquelles tout obéit, dont quelques-unes sont connues, dont les autres restent à découvrir. Je vais essayer de dire ce que nous savons et ne point dissimuler ce qui nous reste à apprendre,


I.

Qu’on se figure une table ronde marquée de circonférences concentriques régulièrement espacées, qu’on lance sur chacune d’elles et qu’on mette à leur centre des toupies courant dans le même sens, de la droite à la gauche d’un observateur central, et tournant en même temps sur elles-mêmes, toujours de droite à gauche, on aura l’image du soleil entouré des planètes, avec cette différence