Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 47.djvu/471

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 septembre.

Ce que le vote du 21 août avait décidé dans la plus grande partie de la France, le vote complémentaire du 4 septembre ne l’a pas modifié. Quelques coups de scrutin de plus ne font rien à l’affaire. Ils ne changent ni les résultats généraux ni le caractère de cette manifestation du suffrage universel, désormais complète. Pour cette fois, l’œuvre du pays, des électeurs, est bien finie : reste maintenant l’œuvre des élus, des assemblées et du gouvernement, de tous ceux qui peuvent se dire les mandataires légaux de l’opinion présente de la France, qui, ayant conquis la majorité et la puissance, ont aussi la responsabilité.

Au premier moment, les nouveau-venus, les impatiens ont paru croire qu’il fallait sans plus de retard marcher au pas de charge dans la voie ouverte par les élections victorieuses, qu’il n’y avait rien de plus nécessaire et de plus simple que d’en finir avec l’ancienne chambre, qui a encore quelques semaines d’existence légale, pour arriver aussitôt à la réunion du nouveau parlement, à la formation d’un ministère de la majorité triomphante. On allait un peu vite dans des combinaisons de fantaisie. M. le président de la république, qui est en villégiature à Mont-sous-Vaudrey, est moins pressé d’employer les grands moyens et ne paraît pas avoir senti la nécessité de mettre en mouvement le sénat pour prononcer la dissolution de l’ancienne chambre avant l’heure marquée par la légalité constitutionnelle. Le ministère, lui non plus, n’est nullement impatient de donner la démission qu’on lui demande, de s’effacer devant le grand ministère dont on prophétise sans cesse l’avènement. Bref, l’idée de précipiter les choses par des mesures extraordinaires a eu peu de succès. Tout concourt à laisser un intervalle, ce qu’on appellera, si l’on veut, une trêve de raison et de réflexion, entre les élections qui viennent de s’accomplir et la réunion régulière des chambres. Elle ne serait point après tout inutile ; elle serait, au contraire, bienfaisante, cette trêve de discussion,