Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 47.djvu/399

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

3o Les administrations centrales de département adresseront tous les trois mois au ministre de l’intérieur l’état nominatif des élèves qui fréquentent les écoles publiques, soit primaires, soit centrales, avec les noms et domiciles de chacun d’eux. Le directoire exécutif, sur le rapport qui lui sera fait par le ministre de l’intérieur des résultats qu’offriront les divers tableaux, prendra les mesures nécessaires pour activer l’instruction des écoles qui ne lui paraîtraient pas assez suivies.

4o Les citoyens qui prétendraient avoir été dans l’impossibilité de satisfaire aux dispositions précédentes seront tenus d’en justifier la cause par des certificats ou autres actes en bonne forme, visés par les administrations des lieux et par l’administration départementale.

5o Le présent arrêté sera imprimé au Bulletin des lois.


Pour expédition conforme,

Signé : LAREVEILLERE-LEPEAUX, président.


Pour le directoire exécutif.

Le secrétaire-général, LAGARDE.


Lorsqu’un gouvernement en vient à de tels moyens, c’est qu’il a contre lui quelque chose de plus fort que toutes les contraintes et que toutes les coercitions du monde, le sentiment public. Quoiqu’il tente alors, il échoue. On ne refait pas à coups de décrets la substance dont se compose l’âme d’une nation. On ne touche pas impunément surtout à ce qu’il y a de plus intime et de plus profond dans le cœur humain, c’est-à-dire aux croyances religieuses. Cette matière-là ne se traite pas comme les autres matières législatives ; elle est particulièrement délicate et par sa délicatesse même elle échappe aux règles ordinaires. Il y faut une extrême prudence et une grande légèreté de main. Encore vaudrait-il mieux le plus souvent éviter de s’y ingérer. Malheureusement, ce qui manquait le plus au directoire, comme à la convention, c’était le tact. Parmi beaucoup d’autres fautes il commit celle de traiter en pays conquis un domaine que les gouvernemens sages ont toujours respecté. Il eut des violences et mit de la brutalité où il eût fallu beaucoup de douceur et d’habileté pour ramener à soi les esprits. L’organisation des écoles primaires rencontrait déjà de bien grandes difficultés ; cette politique lui porta les derniers coups.


ALBERT DURUY.