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elle consentit à ce que l’on mît simplement contraires à l’église de Dieu. par la suppression de la qualification de catholique, c’était ôter à la rédaction de de Foix sa véritable signification. Cette obscurité allait mieux à Elisabeth, mais comme si elle se repentait de cette apparence de concession, elle prévenait en même temps La Mothe qu’en aucun cas, elle ne permettrait au duc l’exercice de sa religion, et elle invitait Walsingham à le lui dire.

Dans les jours qui précédèrent le retour de de Foix, on vint prévenir Charles IX et Catherine que les chefs protestans, par l’entremise de leurs amis d’Angleterre, cherchaient à entraver le mariage du duc et faisaient secrètement proposer à Elisabeth le jeune roi de Navarre. La pensée, il est vrai, leur en était venue, et nous en trouvons la trace dans les curieux Mémoires de la Huguerie, mais Charles IX, croyant cette négociation beaucoup plus avancée qu’elle ne l’était en réalité et s’en inquiétant plus vivement que la chose ne le méritait, écrivait à La Mothe-Fénelon : « Bien que le feu cardinal de Châtillon eût fait l’ouverture et démonstration bien affectionnée et ceux de la religion aussi de désirer le mariage de mon frère avec la reine d’Angleterre, néanmoins c’étoit chose que ledit cardinal et les plus grands d’entre eux ne vouloient pas, n’étant ce qu’ils faisoient que pour nous amuser. » Pour répondre à ces intrigues, il engage La Mothe, si on lui parle du mariage de Marguerite de Valois avec le prince de Navarre, de dire que c’était chose conclue et il lui recommande à La Mothe ainsi qu’à de Foix, d’avoir les yeux bien ouverts. De Foix quitta Londres le 6 septembre ; la veille de son départ, les conseillers d’Elisabeth lui touchèrent quelques mots d’une alliance intime avec la France. Ses pouvoirs étaient restreints ; il avait ordre, si la question de l’exercice de la religion n’était pas décidée, de se retirer de la négociation et de n’accepter de discussion sur aucun autre point. Il n’eut qu’à se retrancher derrière ces instructions et il engagea les conseillers d’Elisabeth à envoyer en France un personnage de crédit pour traiter à la fois du mariage et de l’alliance qu’ils semblaient si vivement désirer. Il leur désigna sir Thomas Smith, l’un des négociateurs de la dernière paix signée à Troyes, comme celui qui serait le plus favorablement accueilli.

La mission de Paul de Foix avait donc laissé la question du mariage dans la même situation et plus embrouillée encore. « Je suis persuadé, écrivait Leicester à Walsingham, qu’à l’heure qu’il est, la reine n’a aucun penchant au mariage, car nous avons porté l’affaire aussi loin que nous pouvions ; mais elle n’a jamais voulu se relâcher de l’article de la religion. À vous dire ce que j’en pense, je crois qu’elle aimeroit mieux qu’on ne la pressât pas et que les difficultés,