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sur les affaires religieuses, sur les rapports des pouvoirs entre eux, il faudrait résister sans doute et résister énergiquement à une chambre qui s’y laisserait entraîner. » C’est là justement la question telle qu’elle se présentera dans le nouveau parlement à tous ceux qui ne sont pas encore résignés à tout, qui ne veulent ni se soumettre ni se démettre devant des réformateurs de fantaisie.

Les élections françaises ont certainement leur importance par les changemens ou les déplacemens qu’elles peuvent préparer dans la direction des affaires de notre pays ; elles ne sont en définitive qu’un épisode dans le mouvement des choses, dans cette vie européenne où la politique subit aujourd’hui l’influence de la saison, où les souverains et les ministres prennent leurs vacances comme les parlemens, où l’activité universelle se dérobe sous les diversions. Le parlement britannique, qui était resté le dernier à l’œuvre, vient de se séparer à son tour, après avoir entendu un discours de la reine. Le monde politique anglais s’est hâté de quitter Londres. C’est la fin d’une des plus laborieuses sessions que l’Angleterre ait vues depuis longtemps. Tout ce qui peut intéresser une nation dont la puissance s’étend jusqu’aux extrémités du monde a été l’objet de débats incessamment renouvelés, souvent passionnés. Pendant les longs mois qui viennent de s’écouler depuis l’hiver, le gouvernement a eu à répondre à toute sorte d’interpellations sur l’Afghanistan, sur le Transvaal, sur les négociations orientales, sur les affaires tunisiennes, sur les relations diplomatiques et commerciales de l’Angleterre ; il avait en même temps à poursuivre à travers tout son œuvre réformatrice en Irlande, à triompher des passions agitatrices des obstructionnistes irlandais aussi bien que des résistances qu’il pouvait rencontrer parmi les lords. Le cabinet anglais a traversé cette longue épreuve avec avantage, et, tout bien compté, s’il y a eu du temps perdu, des confusions, des incidens presque violens, cette session qui vient de se clore ne laisse pas d’avoir été fructueuse ; elle finit même au lendemain d’un succès sur lequel on commençait à ne plus compter, qui est certainement dû à l’opiniâtre énergie du chef du cabinet, de M. Gladstone. Le parlement, avant de se séparer, s’est décidé en effet à voter le bill agraire d’Irlande, qui, au premier abord, semblait devoir s’éterniser par suite des dissentimens qui divisaient les deux chambres. Depuis près de six mois qu’il est en discussion, ce malheureux bill a passé par toutes les phases possibles. Il n’est sorti de la chambre des communes qu’après des débats aussi confus que bruyans. Il est allé à la chambre des lords, où il a été sérieusement corrigé et amendé. L’œuvre primitive se trouvait presque transformée, et on était à se demander si les amendemens votés par les lords n’allaient pas tout simplement être rejetés par la majorité libérale des communes. C’était peut-être le commencement d’un dangereux conflit. Au dernier moment, tout s’est arrangé par une