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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 août.

Maintenant que c’est fait, que le même jour, entre un lever et un coucher de soleil, sept ou huit millions de Français se sont rendus de toute part au scrutin pour nommer leurs représentans, il resterait à savoir ce que signifient réellement ces élections du 21 août, ce qu’elles produiront, quelle situation politique et parlementaire elles vont créer. Ce ne sont point sans doute les commentaires qui manquent ; ils se multiplient à l’infini depuis une semaine. Les imaginations et les ambitions sont à l’œuvre, occupées à interpréter des votes, à classer des partis, à dégager des conséquences, à donner des consultations de fantaisie, et au demeurant on n’est pas beaucoup plus avancé, ou du moins on n’est pas mieux fixé sur la portée précise et définitive d’un mouvement électoral qui en est d’ailleurs à se compléter par un certain nombre de scrutins de ballottage.

Ce qu’il y a jusqu’ici de plus saisissable et de plus positif au premier coup d’œil, c’est que le succès de vote reste manifestement aux républicains, et même à une fraction républicaine assez accentuée. Les partis qui représentent ce qu’on appelle la réaction se trouvent singulièrement réduits ; ils reviennent plus que décimés dans l’assemblée nouvelle, où ils n’auront qu’un contingent de moins de cent membres. Après la droite, les modérés du centre gauche sont ceux qui ont le plus durement éprouvé les disgrâces du scrutin. Ils sont vaincus avec M. Lamy, avec M. Bardoux, avec M. Léon Renault, qui disparaissent momentanément de la scène. L’union républicaine, au contraire, s’est étendue et fortifiée, et par la réélection de la plupart de ses affiliés et par l’absorption d’une partie de l’ancienne gauche. Le radicalisme, à son tour, n’est point sans avoir conquis quelques sièges et semble se disposer à jouer bruyamment son rôle. Tout compte fait, c’est l’union républicaine qui tient la tête du mouvement, qui forme le plus gros