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UN
POÈTE DU GRAND MONDE

Poet and Peer, by Hamilton Aidé, 3 vol. ; Hurst and BlaCkett ; London.

L’auteur de Poet and Peer est bien connu déjà en Angleterre par ses poésies et plusieurs romans d’une réelle valeur : Penruddocke, Rita, etc. ; mais le grand mérite de son dernier ouvrage, que nous reproduisons ici en substance, est de peindre de la façon la plus vive et la plus vraie certaines transformations sociales auxquelles les lecteurs français ne pourront manquer de s’intéresser. Elles ont été nombreuses et rapides durant la période qu’on appelle le Victorian age. Disraeli, avec Coningsby, nous a montré une Jeune Angleterre, dont les héros sont lord John Manners, lord George Bentinck, Sydney Herbert, Baillie Cochrane, et une foule d’autres qui se groupent autour de l’étrange et intéressante figure du romancier lui-même. Dans la Jeune Angleterre, il y a du sport et de la religiosité, du faux héroïsme, de la féodalité déguisée, un mélange enfin d’où sort ce que l’on a longtemps nommé la politique des vitraux peints. Nous arrivons ensuite au Muscular Christian, de Charles Kingsley, aux vrais croyans qui, tout en inaugurant le ritualisme, abattent un taureau d’un coup de poing. Aujourd’hui, le personnage du jeune Anglais a changé encore complètement ; nous sommes aussi loin du nêo-féodal de Disraeli que des gentlemen-highvaymen de sir Edward Bulwer, ces brigands aristocratiques qui descendaient en ligne directe des dandies de la cour du régent. Nous faisons connaissance avec le gentilhomme socialiste que la bohème séduit, qui se croit voué au Grand Art, chez lequel tous les dons abondent, mais sans aucune