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LES
PROJETS DE MARIAGE
D’UNE
REINE D’ANGLETERRE

I.
ELISABETH ET CHARLES IX.

Dans une des salles les plus retirées de ce palais de Hampton-Court que le cardinal Wolsey bâtit au temps de sa faveur, et que lui reprit Henri. VIII, mes yeux se sont arrêtés plus d’une fois sur un petit tableau du peintre Jean de Heere, dont voici le sujet : Elisabeth est debout sur la première marche du perron d’un de ses palais ; un globe est dans sa main droite, une ample robe de brocart, aux plis majestueux, fait ressortir la finesse de sa taille ; d’un œil hautain et dédaigneux, elle regarde trois femmes nues qui lui font face, ce sont, les trois déesses Junon, Minerve et Vénus, sous la forme épaisse de trois robustes Flamandes, le peintre, dans une légende en latin placée au bas du cadre, a traduit l’étonnement des trois déesses : Junon baisse les yeux, Minerve est atterrée, Vénus rougit. Leicester, sous les traits du berger Paris, n’avait point à figurer dans ce tableau, son rôle eût été inutile, les trois immortelles s’avouant vaincues.