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MARCO


DEUXIÈME PARTIE[1]


VI.


Le lendemain, Marco aperçut le docteur Galpeau, qui rôdait à son habitude autour de l’habitation de Mme  Delange. Le jeune homme pressentait un allié ; sa sympathie et sa confiance allaient droit à lui. Il l’aborda.

— Docteur, je suis sur le point de faire un coup de tête : je veux m’échapper et m’en aller tout seul à Paris.

— Seul ! Et vous me prenez pour confident, c’est-à-dire pour complice ! Je me sauve. Bon voyage !

— Écoutez-moi.

— Non pas ! Que dirait votre mère ?

— Empêchez-la de me suivre, alors.

— Pourquoi ? dit le docteur embarrassé, car le départ de Marine l’affligeait profondément sans qu’il osât le témoigner.

— Sa santé ne s’accommodera pas du climat de Paris, insinua Marco, et puis…

— Et puis ?

— Tenez ; avec vous, je serai franc. Je me révolte à la fin contre l’éducation féminine qu’on m’a donnée. Songez, que depuis que je suis né, je n’ai pas quitté les jupes de ma mère. Si elle ne m’a pas

  1. Voyez la Revue du 1er  août.