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Gaulois éprouvaient un goût instinctif, y fut cultivée avec fureur ; et moins d’un siècle après la mort de Vercingétorix, c’était un habitant de la Saintonge, Julius Africanus, qui disputait à un citoyen de Nîmes, Domitius Afer, la palme de l’éloquence romaine.

M. Al. Bertrand destine trois salles entières (XIVe-XVIe) à nous faire voir, par des exemples frappans, à quel point la Gaule s’empressa de prendre les mœurs et d’imiter les arts de ses maîtres. Ces salles, où doivent être réunis des objets curieux et coûteux, ne sont pas prêtes encore ; elles contiendront en grand nombre des spécimens de l’industrie gauloise à ce moment, verres, bronzes, poteries grossières ou élégantes. On nous donnera aussi des reproductions déduites des admirables monumens romains qui couvrent encore aujourd’hui le sol de la France. Il est à souhaiter que la collection soit complète et qu’aucun de ceux qui ont quelque importance ne soit oublié. Le rapprochement de toutes ces ruines peut amener des comparaisons utiles. Dans tous les cas, elles peuvent montrer, par leur destination même, à quel point les nations civilisées se ressemblaient alors, et que d’une extrémité du monde à l’autre elles ressentaient toutes les mêmes passions, se livraient aux mêmes plaisirs et vivaient de la même manière. Les monumens de la Gaule sont semblables à ceux qui se rencontrent ailleurs et construits de façon à flatter les mêmes goûts ou à satisfaire les mêmes besoins. Il y a des théâtres immenses, comme celui d’Orange, qui font voir à quel point les jeux scéniques étaient alors en honneur, des amphithéâtres, comme ceux de Nîmes et d’Arles, des temples, comme la Maison carrée, des aqueducs, comme le pont du Gard, des portes, des arcs de triomphe, etc. Tous ces édifices, quand ils seront réunis, nous donneront une grande idée de la prospérité de la Gaule sous l’empire. N’oublions pas qu’en général ils ont été construits aux frais des villes qui les possèdent, sans que l’état ait participé à la dépense, ce qui prouve combien la fortune des municipes était alors considérable. Jamais, je crois, ce pays-ci n’a été plus riche ou mieux administré.

On n’oubliera pas non plus, j’en suis sûr, de placer dans le musée la reproduction des autres objets d’art de nature diverse qu’on a trouvés chez nous. On y a déjà mis la mosaïque d’Autun, une des plus belles que l’antiquité nous ait laissées. Usera aisé d’en réunir quelques autres, qui se sont guère moins remarquables. On pourra copier aussi les fragmens de peinture murale qui décoraient une salle de Vienne et qui furent exposés au Palais du Trocadéro, en 1877. C’est une œuvre des premiers siècles de l’empire, qui rappelle les fresques de Pompéi ou de la Maison d’or de Néron. On y retrouve ces charmantes et capricieuses arabesques, ces pampres chargés de