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REVUE DRAMATIQUE

Comédie-Française : la Vraie Farce de Maître Pathelin, mise en trois actes et en vers modernes par Edouard Fournier (reprise). — Théâtre du boulevard, réimprimé par M. George d’Heylli (Rouveyre, éditeur). — Paravens et Tréteaux, par M. Jacques Normand (Calmann Lévy, éditeur).

On m’a rapporté que don Carlos, — qui vient de nous quitter si brusquement, — témoigna un jour à M. Bonnat, lequel achevait son portrait, le désir d’être représenté avec la plaque d’un certain ordre qu’il estimait entre tous. « Cet ordre, interrogea le peintre, est apparemment très rare ? — Oh ! fit le prince, tout à fait rare ! Il faut, pour l’obtenir, avoir remporté de grandes victoires. — Et à quelle occasion votre altesse l’a-t-elle obtenu ? — Je me le décernai le soir d’une bataille contre mon cousin, don Alphonse. » Puis avec un sourire : « Don Alphonse se le décerna le même soir. » — En littérature comme en Espagne, et dans les disputes des critiques aussi bien que dans les querelles des prétendans, la victoire demeure souvent indécise ; après avoir lu et relu les beaux discours de MM. Génin et Magnin, Adolphe Fabre et Paul Lacroix, ces érudits très précieux, sur la date probable et l’auteur de Maistre Pierre Pathelin, je suis prêt à déclarer que chacun de ces messieurs a raison contre les autres, et que si quelqu’un a tort dans cette affaire, c’est l’auteur, qui a négligé de signer et de dater son œuvre. Encore par cette déclaration m’avancé-je un peu hors de la neutralité que j’annonce, car elle suppose que Pathelin est le fils de quelqu’un, et non pas, comme M. Fabre incline à le croire, le fils de tout le monde.

Qu’est-ce à dire, de tout le monde ? On peu* bien être, et Gavarni en témoigne, « Mme veuve Tout le monde, » mais on est toujours, comme dit Brid’oison cité par Musset, « fils de quelqu’un. » Si banale que soit