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terre grasse, broyée avec de la paille hachée ; ces briques ont en général un pied de long sur un demi-pied de large. Les plafonds des grandes pièces étaient en bois indigènes ou étrangers ; les petites pièces étaient souvent voûtées. Les portes et les fenêtres étaient d’ordinaire à deux battans ; elles s’ouvraient en dedans et se fermaient à l’aide de verrous et de loquets. Quelques-unes avaient des serrures en bois, dans le genre de celles qui sont usitées de nos jours en Égypte. La plupart des portes intérieures n’avaient qu’une simple tenture d’une étoffe légère. Quant à la décoration, les peintures des hypogées peuvent seules nous en donner une idée. Les murs étaient revêtus de stuc et peints de scènes religieuses ou domestiques. Les galeries ou les colonnes du porche étaient coloriées de façon à imiter la pierre ou le granit. Les plafonds étaient décorés d’entrelacs, de méandres et d’ornemens de toute espèce, tandis que sur les planchers étaient étendues des nattes tressées en jonc de couleur[1]. » L’ameublement était aussi élégant que commode ; on peut en juger et par les objets conservés dans nos musées et surtout par les meubles de toute espèce qui sont figurés dans les peintures de certaines tombes et surtout dans celles de la syringe de Ramsès III. L’intérieur de la maison égyptienne n’était pas aussi nu que celui de la maison orientale moderne ; on y voyait partout des sièges avec ou sans bras, des tables de formes variées, des plians, des tabourets où poser les pieds, des consoles sur lesquelles étaient posés des vases pleins de fleurs, des cabinets où l’on serrait les objets de prix. La vie de la haute société égyptienne n’était pas seulement une vie civilisée, c’était une vie élégante et raffinée. Le grand seigneur contemporain des Thoutmès et des Ramsès ne se serait pas contenté, comme le pacha ou le bey turc, de divans et de tapis, de matelas que l’on serre pendant le jour dans les armoires et que la nuit on étale sur le sol ; il avait son lit, souvent incrusté de métal ou d’ivoire ; il avait, comme nous, son mobilier.

On paraît avoir toujours employé le toit plat ; il agrandissait en quelque sorte la maison ; il fournissait à ses hôtes une pièce de plus, un commode lieu de rendez-vous pour jouir de la vue du fleuve et de la fraîcheur des soirées ; on devait y dormir dans certaines saisons. En revanche, les greniers et les magasins étaient presque toujours couverts de coupoles. Ceux qui se terminent par une terrasse paraissent une exception. Ces voûtes, bâties en

  1. Gaillabaud, Monumens anciens et modernes. Style égyptien. Maisons. Pour plus de détails, on n’a qu’à consulter le chapitre V de Wilkinson, Manners and Customs, etc.