et des agens nationaux, — était à son comble, et le décret de frimaire n’avait reçu d’exécution presque nulle part.
il fallait avant tout remédier à cet état de choses.
Le comité de salut public, — rendons-lui cette justice, — en avait eu un moment le désir ; même à sa demande, la convention avait pris un décret tendant à l’organisation d’écoles normales d’instituteurs. Toutefois les choses en étaient restées là. Après le 9 thermidor, le comité d’instruction publique s’appropria l’idée et la présenta sous une forme nouvelle. De là le décret du 9 brumaire an in et la fondation de la première école normale, qu’il ne faut point confondre avec la grande École normale de 1808.
Réunir à Paris, sous la direction de maîtres éminens, un nombre considérable d’apprentis instituteurs, les y retenir un certain temps, moyennant une rétribution avantageuse et le remboursement de leurs frais de route ; puis, lorsqu’ils seraient en état d’enseigner à leur tour a non pas les sciences, mais l’art de les enseigner, » les renvoyer dans leurs départemens respectifs et leur confier la mission d’y ouvrir des écoles, tel était le but de cette fondation.
Voici d’ailleurs en quels termes le rapporteur Lakanal vint l’expliquer à la convention. Le morceau, bien qu’emphatique, n’est pas sans intérêt :
« Il y a quelques mois, dit-il, des hommes qui avaient leurs motifs pour vouloir tout couvrir de ténèbres, étaient prêts à traiter de criminels ceux qui vous auraient parlé d’instruction et de lumières ; c’est surtout des tyrans que vous avez renversés qu’il était vrai de dire qu’ils craignaient les hommes éclairés comme les assassins craignent les réverbères. Aujourd’hui, la convention gouverne seule la nation qu’elle représente, et le cri unanime de la France et de ses législateurs demande un nouveau système d’enseignement pour répandre sur tout un peuple des lumières toutes nouvelles…
« Une grande difficulté se présentait à l’entrée même de l’exécution de ces idées sur l’instruction publique, lorsqu’on voulait les réaliser. Où trouver un nombre suffisant d’hommes pour enseigner dans un si grand nombre d’écoles des doctrines si nouvelles, avec une méthode si nouvelle elle-même ? Il ne faut pas les chercher dans les instituteurs des écoles anciennes, ils n’y seraient pas propres. Il faut donc les former, et, par ce cercle vicieux et fatal dans lequel semblent toujours rouler les destinées humaines, il semble que pour les former il faudrait déjà les avoir.
« C’est ici qu’il faut admirer le génie de la convention nationale. La France n’avait point encore les écoles où les enfans de six ans doivent apprendre à lire et à écrire, et vous avez décrété rétablissement d’écoles normales… Vous avez ainsi voulu créer à l’avance, pour le vaste plan d’instruction publique qui est aujourd’hui dans