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tous les points de la France, on réclamait[1] à la convention de nouveaux livres élémentaires. Les anciens contenaient beaucoup de choses qui n’étaient plus de saison ; imprégnés de l’esprit de l’ancien régime, ils semblaient peu faits pour inspirer à la jeunesse l’amour des institutions et des principes républicains. Il en restait d’ailleurs un très petit nombre : le zèle des sociétés populaires et des comités de surveillance en avait fait bonne justice.

Le 4 pluviôse an II, Grégoire, au nom du comité d’instruction publique, saisit l’assemblée de la question. Son rapport concluait à l’ouverture d’un concours pour la composition de livres élémentaires. Suivait un projet de décret en quatre articles qui fut voté le 9, sans discussion.

Les sujets d’ouvrages indiqués par Grégoire étaient en général assez bien choisis. C’étaient « des instructions pour les instituteurs, des méthodes pour apprendre à lire et à écrire, des notions sur la grammaire française, l’arithmétique, la géométrie, les principaux phénomènes de la nature et la morale républicaine. » Nous ferons cependant une exception à l’égard « des instructions pour la conservation des enfans depuis la grossesse inclusivement jusqu’à leur entrée dans les écoles nationales. « L’idée de mettre entre les mains d’enfans de huit à dix ans de petits traités d’hygiène conjugale était assez incongrue, de la part d’un évêque surtout : Maxima debetur puero reverentia. Il arriva plus d’une fois à la convention d’oublier ce précepte. Un autre de ses membres, Baraillon, ne voulait-il pas qu’on donnât dans les écoles « quelques règles de médecine sur la menstruation, les couches et les suites de couches ? » Il est vrai que Baraillon était médecin.

Le décret du 9 pluviôse avait chargé le comité d’instruction publique de présenter une liste des savans et des gens de lettres qui lui paraîtraient les plus dignes d’être choisis par la convention comme juges du concours institué. Les suffrages du comité, se

  1. La correspondance administrative aux Archives est pleine de ces réclamations. J’en citerai seulement cet échantillon : « Les membres composant le comité de correspondance de la Société populaire aux citoyens les membres composant le comité d’instruction publique (germinal an II).

    « Citoyens,

    « Depuis longtemps les sept têtes de l’Hidre du fanatisme sont tombées sous la hache de la raison, et ce monstre n’existe plus dans nos contrées. Au culte superstitieux des autels nous avons substitué celui des lois. Mais pour faire succer aux enfans, avec le lait, l’amour de la patrie, la haine des rois, des nobles et des prêtres, il nous reste quelque chose à désirer. La convention a décrété que son comité d’instruction serait chargé de procurer des livres élémentaires pour former les jeunes citoyens,.. et comme il est du devoir des sociétés populaires, de propager les principes républicains) notre société n’a pas hésité de charger son comité de correspondance de vous demander les livres propres à l’instruction publique. » (Arch. at, M. D. XXXVIII.)