qu’un effectif insuffisant et un échec devant le Callao, au début même de la campagne, en compromettait gravement le succès. Si le gouvernement chilien conçut ce projet hardi, il y renonça après examen, et nous ne saurions l’en blâmer.
Dès le 7 avril, en effet, l’armement de l’escadre péruvienne était assez avancé pour que les navires l’Union et Pilcomayo prissent la mer sous les ordres du commandant Garcia y Garcia. Au nord d’Antofagasta, sur la frontière du Pérou et de la Bolivie se trouve le petit port de Loa, à l’embouchure de la rivière de ce nom. C’est là qu’eut lieu le premier choc entre le Pérou et le Chili. La canonnière chilienne Magallanes, détachée de l’escadre pour reconnaître cette partie de la côte et escorter un convoi, se trouva tout à coup en présence des navires péruviens. Engagée trop avant pour reculer, la canonnière chilienne dut accepter le combat, dans lequel la supériorité de son tir compensa l’infériorité de son armement. Aux décharges précipitées des bâtimens péruviens la Magallanes riposta par un feu plus lent et plus méthodique, mais aussi plus efficace. L’Union, passablement avariée, et le Pilromiyo, tenu à grande distance, durent laisser le champ libre à la canonnière chilienne, qui rallia l’escadre sans avaries graves.
Encouragé par ce premier succès, l’amiral chilien, W. Rebolledo, qui bloquait Iquique, décida de se diriger vers le Callao et d’offrir le combat à l’escadre péruvienne. Le maintien du blocus d’Iquique fut confié à deux vaisseaux chiliens, l’Esmeralda et la Covadonga, que la lenteur de leur marche et leur état de vétusté rendaient peu propres à l’expédition projetée. Leur rôle devait se borner à interdire l’accès et la sortie du port d’Iquique aux navires de commerce. Remontant vers le nord, l’amiral chilien longea la côte, bombardant successivement les ports de Mollendo, Pisagua ; toute cette partie de la côte est entièrement dépourvue de végétation et privée d’eau. Il faut, comme à Iquique, recourir à des condensateurs et distiller l’eau de mer. Le 18 avril, Pisagua fut bombardée, le matériel d’exploitation du guano détruit. On évalue à 500,000 soles, plus de 2 millions de francs, les dommages causés par le feu de l’artillerie chilienne. Pas plus à Pisagua qu’à Mollendo, les Péruviens, pris au dépourvu, n’avaient eu le temps d’élever des batteries. Arica seule était mise en état de défense.
Immobile dans le port de Callao, la flotte péruvienne ne donnait pas signe de vie et laissait impunément dévaster les côtes. L’amiral chilien le savait et poursuivait l’exécution de son plan. A Lima, au Callao, l’opinion publique, surexcitée, réclamait des mesures énergiques et s’irritait de l’inertie de l’escadre. Le gouvernement résistait et annonçait le départ prochain d’un ou deux bâtimens, non pour protéger les côtes du sud, mais pour remonter au nord et