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LA
GUERRE DU PACIFIQUE

I.
LES CAUSES DE LA GUERRE. — COMBAT D’IQUIQUE. — PRISE DU HUASCAR.

Indifférente, depuis près d’un demi-siècle, aux événemens dont l’Amérique méridionale était le théâtre, l’attention publique a été brusquement réveillée par les mémorables combats qui ont ensanglanté les eaux du Pacifique, par les luttes héroïques du Pérou contre le Chili et la chute de Lima, et elle se reporte aujourd’hui avec curiosité vers ces rives lointaines. L’histoire a de ces surprises, la guerre a ses enseignemens. Presque seuls, un petit nombre de géographes érudits ou de commerçans aventureux se tenaient au courant de l’état politique de ces républiques. Une autre génération que la nôtre s’était passionnée au récit des combats qu’elles avaient livrés à l’Espagne pour conquérir leur indépendance. Les noms de Bolivar, Saint-Martin, O’Higgins n’évoquaient plus qu’un souvenir confus. Aux grandes luttes avaient succédé les petits événemens ; aux efforts patriotiques, l’anarchie militaire ; à l’union qui fait la force, le régime des pronunciamentos qui détruit jusqu’au respect du drapeau. Un président renversé par un complot de caserne, l’insurrection des provinces contre la capitale, des intrigues mesquines, plus grotesques que sanglantes, l’anarchie en permanence, tel était, pour la grande masse du public, le triste et monotone spectacle qu’offraient la plupart des républiques hispano-américaines.

La guerre du Mexique, l’exécution de Maximilien, la restauration de Juarez, les désastres financiers du Honduras, les énormes