Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 46.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gemens qui voudraient se maintenir de juin à juillet. Quoi qu’il en soit, les acheteurs ont cherché tout d’abord à tirer parti des avantages présens, et, sans s’attarder à la recherche des causes, ils ont pris le fait pour acquis et commencé un mouvement dont les rentes françaises ont tout d’abord bénéficié. En effet, on a pu porter le 5 pour 100 de 119.40 à 119.80 et le 3 pour 100 de 86.12, après détachement du coupon trimestriel à 86.52. L’amortissable ancien s’élevait en même temps de 88.10 à 88.52, le nouveau de 87.17 à 87.50.

Mais l’amélioration des cours de nos fonds publics était plutôt un moyen qu’un but. On venait d’annoncer que l’émission de l’emprunt italien allait avoir lieu à bref délai, et la hausse du 5 pour 100 italien ne pouvait guère se produire que si les rentes françaises sortaient de leur immobilité prolongée. La tentative des haussiers a été couronnée d’abord d’un plein succès, puisque en même temps que nos fonds progressaient dans la mesure modeste que nous indiquions tout à l’heure, le 5 pour 100 italien s’élevait d’un bond jusqu’à 94.75.

C’était là cependant un succès éphémère. Les tristes événemens de Marseille, les manifestations antifrançaises dont la plupart des grandes villes d’Italie ont été le théâtre, les nouvelles d’Algérie, l’attitude hostile des autorités turques dans la Tripolitaine ont eu bien vite raison des velléités optimistes de la spéculation. On se prit à douter de nouveau de la possibilité de faire réussir sur le marché français l’emprunt italien, en même temps que la spéculation voyait se dissiper les illusions dont elle s’était bercée après la liquidation de quinzaine.

Le mouvement de hausse se trouva donc enrayé au bout de quelques jours, et la spéculation, ramenée à une appréciation plus froide de la situation, n’eut plus d’autre souci que de se préparer, par des réalisations opportunes et des allègemens anticipés de positions, à une liquidation qui s’annonçait comme devant être aussi laborieuse au moins que celle de fin mai.

De là le recul du 3 pour 100 à 85.82, de l’amortissable à 87.90, de l’emprunt nouveau à 86.67, du 5 pour 100 à 119.20, de l’italien à 93.95. L’incertitude qui règne sur l’état réel de la question de l’emprunt italien a été la cause principale de la lourdeur du marché pendant les derniers jours de juin. On a tout d’abord appris que la maison Rothschild avait refusé de prendre la responsabilité d’une opération que les circonstances politiques rendaient particulièrement délicate et difficile et qui, en tout cas, pouvait provoquer sur le marché monétaire une profonde perturbation.

Il s’agit pour le gouvernement italien d’exécuter la loi relative à l’abolition du cours forcé dans la péninsule. Ce but ne peut être atteint que si l’opération fait passer au-delà des Alpes une somme de 400 millions en or. Il n’y a de réserve d’or qu’à Paris et à Londres. En dehors de toute autre considération, les banquiers et les établissemens