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lesquelles jurait la simplicité un peu affectée du héros de la fête. Tout se termina par le grand dîner du Römer, où l’on renouvela toutes les traditions des banquets de couronnement, à cela près que le grand bœuf ne fut pas rôti sur la place du marché ; on se contenta d’avertir les convives qu’ils mangeraient « un quartier de bœuf historique. » Quand l’électeur de Hesse se leva de table, il prononça d’un ton sec et sarcastique ce mot qui fit fortune : « Maintenant nous avons fait notre devoir, c’est à nos médecins de faire le leur. » — « Personne, remarque à ce propos M. Meding, ne soupçonnait alors que la confédération germanique aurait plus de peine à digérer les suites du congrès des princes que leurs altesses à digérer le dîner du Römer, et que le grand chirurgien de la nation allemande se préparait à purger la malade avec des pilules de fer et de sang, mit Blut-und Eisenpillen. » Pendant ce temps, le roi de Prusse, qui avait seul refusé de prendre part à la fête, certain que son absence suffirait pour réduire à néant des plans trop audacieux et trop peu médités, se rendait, de Baden à Rastatt pour y passer en revue un régiment de fusiliers poméraniens. Ceci devait tuer cela ; cette prose devait avoir raison de ce roman mal venu.

Les petits états, désireux de se ménager et de se conserver entre deux puissances avides d’entreprendre sur leurs droits, ne pouvaient se flatter de conjurer les périls qui les menaçaient qu’à la condition de trouver au dehors un appui ferme et constant. Cet appui leur manquait, la politique conservatrice n’avait plus en Europe de partisan résolu. Tout allait à la dérive ; les uns étaient disposés à tout se permettre, les autres s’abandonnaient et érigeaient leur indifférence en principe. La diplomatie anglaise poussait le Hanovre à s’accommoder avec l’Autriche ; à l’heure des catastrophes, elle le livra sans défense aux animosités et aux appétits de la Prusse. La Russie, n’écoutant que ses rancunes, avait noué des liaisons secrètes avec Berlin et se prêtait à tous les changemens, pourvu qu’ils fussent désagréables à l’Autriche. Le souverain qui régnait alors sur la France nourrissait une haine obstinée contre les traités de Vienne. Il jugeait que quelque atteinte qu’on y portât, il ne pouvait qu’y gagner, il ne se doutait pas qu’il pouvait y perdre. Il avait un goût naturel pour l’eau trouble et il voulait du bien à tous ceux qui la brouillaient. Son rêve était de changer l’assiette de l’Allemagne, il n’y a que trop réussi. Les insinuations qu’il fit faire à la cour de Hanovre furent mal accueillies. Le roi George l’aimait peu, le redoutait beaucoup et s’était promis de ne jamais le voir. Il lui arriva cependant de le rencontrer à Baden. L’empereur Napoléon III lui prodigua ses grâces, et au cours d’un long entretien confidentiel, il s’appliqua à le convaincre de ses sentimens conservateurs, de son profond respect pour le principe de la légitimité. Il lui parla avec une extrême considération du comte de Chambord, témoigna son désir de lui faire un sort digne de son nom, de son grand passé, de ses illustres origines. Hélas !