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LE
ROI GEORGE V DE HANOVRE

Un Prussien entré en 1859 au service de la maison de Hanovre, M. Oscar Meding, a entrepris de retracer les malheurs de sa patrie d’adoption, la fin tragique de ce royaume guelfe qui n’est plus aujourd’hui qu’une province de la monarchie des Hohenzollern. Son premier volume est intitulé : Avant la tempête ; il raconte dans le second la catastrophe et ses suites[1]. On ne saurait lui reprocher d’être mal informé ; il a été témoin et acteur, il siégeait dans les conseils de son roi. On ne peut lui reprocher non plus d’avoir trop de passion et trop de fiel ; sa plume est sans venin, il écrit sans haine et sans colère. L’amertume des regrets qu’il peut ressentir est tempérée par la déférence qui est due aux habiles et aux puissans de la terre, par le respect qu’il convient d’avoir pour le succès et la victoire. Il n’est pas disposé à récriminer contre les hommes, il n’accuse pas leurs noirceurs, il ne s’en prend qu’à de fâcheuses conjonctions d’étoiles, aux accidens, à la malice des destinées, et les destinées ne se soucient guère des injures que nous pouvons leur dire ; leur métier est d’être sourdes.

Après avoir été conseiller de préfecture à Hanovre, M. Meding fat nommé directeur de la presse et obtint ses entrées au conseil. La situation qu’il occupait n’était pas de celles qui mettent un homme en vue et que convoitent les ambitieux ; mais il avait l’oreille, la confiance du maître, on le mêlait presque malgré lui à beaucoup d’affaires, et plus d’une fois il fut chargé de missions secrètes dont il s’acquitta avec succès. Il y a.des hommes qui ne conçoivent pas le bonheur sans plumet et sans trompette ; M. Meding se défiait des bonheurs à plumet

  1. Memoires zur Zeitgeschichte, von Oskar Meding. I. Vor dem Sturm. II. Das lahr 1866, 2 vol. in-12 ; Leipzig, Brockhaas, 1881.