très « respectueusement, » accusé d’être un embarras, de pratiquer le système des bras croisés, de rendre impossible la politique des réformes démocratiques, — et, par suite, dans la pensée des réformateurs, il est visiblement condamné à s’effacer un jour ou l’autre devant une personnalité plus active qui ne se croisera probablement pas les bras. Soit encore ! Cette autre partie du programme se réalise elle aussi ; M. le président Grévy s’éclipse tout comme le sénat, il quitte plus ou moins volontairement l’Élysée. Qu’en résulte-t-il ? Il sera démontré que, depuis la réapparition de la république, pas un président, même le président le plus notoirement républicain, n’aura pu aller jusqu’au bout de ses pouvoirs, que l’instabilité est dans la première magistrature comme dans les autres institutions. Que pourraient imaginer de plus favorable pour eux les adversaires du régime nouveau ? Que pourraient-ils faire de mieux que de laisser les républicains poursuivre eux-mêmes cet étrange travail ? L’autre jour, le rapporteur de la loi électorale au sénat, M. Waddington, disait justement que la France a présentement à choisir entre deux voies. D’un côté, est la voie du développement pacifique, progressif des institutions parlementaires, d’une constitution qui a besoin de longues années encore pour porter tous ses fruits. De l’autre côté, il y a la voie obscure, dangereuse des aventures, où la république, reniant la constitution qui a fait la paix du pays depuis quelques années, tournerait peu à peu « à la république césarienne pour aboutir peut-être un jour au césarisme pur. » — Présage sinistre, a-t-on dit ; c’est possible. C’est, dans tous les cas, le vrai débat qui reste engagé devant je pays entre ceux qui croient que la France a besoin de fixité dans les institutions, de sagesse dans la conduite, et ceux qui ne rêvent que mobilité et révisions à propos de l’acte le plus simple d’indépendance d’un pouvoir public. C’est toute la question qui est au fond de cette agitation, assez factice sans doute, probablement passagère, toujours périlleuse cependant, née à la suite du vote du 9 juin.
Le malheur, en effet, c’est que ce vote a troublé bien des esprits, et que ceux qui passent pour les plus raisonnables n’ont pas laissé eux-mêmes d’en ressentir au premier moment quelque impression. On dirait qu’ils ne sont point encore revenus de leur surprise et qu’ils ne peuvent s’accoutumer à croire qu’il n’y ait absolument rien à faire. Que peuvent-ils donc faire en dehors de ces programmes de révisions constitutionnelles où se complaisent des agitateurs chimériques ? Depuis quelques jours on est en travail, les projets se croisent et se succèdent. Ils partent à peu près tous de cette idée que la chambre des députés, telle qu’elle est, après les récens incidens, au lendemain du vote du sénat et à la veille de l’expiration de ses propres pouvoirs, n’est plus en état de remplir utilement son rôle. En d’autres fermes, cela veut dire que la chambre, si on la laisse à elle-même, est fort capable de perdre son