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LE
SALON DE 1881

Nihil ars sine materia.
Quintilien.

I.
L’ARCHITECTURE. — LA SCULPTURE.

Il faut bien le reconnaître : les arts ne vivent pas seulement dans un monde idéal. Si le principe dont ils émanent est indépendant et si le but suprême auquel ils aspirent est désintéressé, ils n’échappent pas cependant aux lois générales qui régissent le travail dans les sociétés ; lois variables et d’un ordre positif qui pèsent matériellement sur l’artiste et modifient, de siècle en siècle, les conditions dans lesquelles il produit. Les mêmes causes qui ont amené l’affranchissement des métiers et l’immense développement de l’industrie devaient faire sentir leurs effets aux professions libérales. Assurément ce n’était pas dans la même mesure. Néanmoins, le peintre, le sculpteur et l’architecte les ont éprouvés ; et peu à peu l’art a subi les mêmes influences qui se sont imposées aux autres activités de la nation. Les artistes se sont agités. D’abord ils ont protesté contre la tradition et établi vis-à-vis d’elle leur indépendance absolue. Aujourd’hui, ils ne se montrent plus satisfaits de la protection traditionnelle de l’état, et, comprenant