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de 750,000 pour le Saragosse, de 2 millions environ pour le groupe de lignes du Nord-Espagne.

Si la Bourse a laissé un peu de côté les titres des établissemens de crédit en général, elle s’est beaucoup occupée de l’action de la Banque de France en particulier. Ce magnifique titre vaut en ce moment 5,400 francs environ. Une brochure dont l’apparition est annoncée avec fracas prédit le cours de 8,000 francs. Celui de 6,000 sera vraisemblablement atteint sans peine et à bref délai. Les bénéfices s’élèvent depuis le commencement de l’année à près de 17 millions. En 1878, à la même date, ils n’étaient que de 6 millions ; en 1875, époque où la Banque bénéficiait encore de ses gigantesques opérations avec le trésor, le même compte atteignait seulement 14 millions. L’augmentation actuelle résulte uniquement du progrès des opérations courantes et de quelques heureuses réformes accomplies en temps opportun. En 1875, le portefeuille accusait un chiffre de 517 millions ; le bilan d’hier porte 1,180 millions. Le dividende de 1881 dépassera 200 francs et atteindra peut-être 250.

Les fonds étrangers sont toujours très fermes, sauf le turc, qui n’a pu conserver le cours de 17 francs. Il est vrai que la Porte, au lieu de s’occuper du règlement d’affaires urgentes, d’en finir avec la question des frontières grecques et d’entrer en arrangement avec ses créanciers, s’avise de revendiquer des droits de suzeraineté sur Tunis, invoque la médiation de l’Europe contre la France et parle d’envoyer des cuirassés à la Goulette et des bataillons à Tripoli. Quand le sultan sera revenu à des idées plus sages, les valeurs ottomanes remonteront.

En Allemagne et en Autriche on ne semble guère redouter de gros événemens. Nous n’en voulons d’autre preuve que l’intention où sont, assure-t-on, les patrons financiers de la Hongrie, de lancer dès la semaine prochaine, la grande opération de la conversion de la rente 6 pour 100 hongroise. Le cours d’émission du nouveau fonds 4 pour 100 serait 76 environ. Il y a trois ans, les mêmes banquiers créaient la rente or 6 pour 100 et ne parvenaient pas à l’écouler au-dessus de ce même taux. Quel progrès accompli en si peu de temps par le crédit du royaume de Hongrie !

L’italien se maintient au-dessus de 90 francs, mais ne parvient pas à garder le cours de 91. Cette attitude indécise se prolongera sans doute aussi longtemps que l’Italie ne se décidera pas franchement à accepter les faits accomplis en Tunisie.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.