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forés par les ateliers français s’élève à soixante-quatre, représentant une longueur de tubage de 4,320 mètres fournissant ensemble 98,238 litres d’eau à la minute, soit une moyenne de plus de 1,500 litres par puits. Le débit de ces puits varie d’ailleurs dans de grandes proportions entre un maximum de 4,800 litres et un minimum qui, en certains points, est descendu à 20 litres. Il paraît exister deux zones principales d’approvisionnement, dont la moins importante se concentre à la pointe sud-ouest du chott Mel-Guir, la plus considérable aux environs d’Ourlana, aux deux tiers de la route de Touggourt, occupant une superficie de plus de 200,000 hectares, sur laquelle M. Jus croit pouvoir compter que les puits ne donneraient guère moins de 3,000 litres à la minute.

L’irrigation moyenne d’un palmier étant convenablement desservie avec un débit de 0l,20 par minute, soit S peu près 125 mètres cubes d’eau par an, chaque puits artésien de cette région pourrait suffire à l’alimentation de 15,000 palmiers à répartir sur une superficie de 150 hectares. D’ans ces conditions, les puits devraient être espacés à 4,200 mètres l’un de l’autre, distance à laquelle ils ne peuvent se nuire réciproquement, et la zone de grand approvisionnement signalée par M. Jus pourrait recevoir prés de 20 millions de palmiers. Ce nombre serait-il réduit de moitié et même des trois quarts qu’il n’en resterait pas moins la possibilité de créer sur ce point un capital agricole d’une grande valeur. Un palmier en bon état de rapport, convenablement fumé, rapporte facilement 40 à 50 kilogrammes de dattes. Dans les conditions d’une grande cultures sans fumier, on peut compter sur un rendement moyen de 15 kilogrammes d’une valeur de 3 francs. Ce chiffre n’a rien d’exagéré puisque, en l’état, les indigènes paient sans trop de gêne un impôt variant de 0 fr. 30 à 0 fr. 50 par pied.

Quant aux frais d’installation, ils ne seraient pas considérables. Le terrain est sans valeur. Les communes indigènes consentent facilement pour moins de 1,000 francs l’a vente d’un lot de 200 à 300 hectares pouvant au besoin recevoir 30,000 palmiers. Le forage des puits artésiens revient à un prix moyen de 60 à 70 francs par mètre de profondeur. Dans les conditions ordinaires, un puits ne coûte pas plus de 4,000 francs. M. Jus compte sur une dépense de 1 fr. 50 par pied d’arbre pour achat de plant et frais de plantation. Sur ces bases, il établit à 20,000 francs le prix de revient d’une oasis complantée de 10,000 pieds d’arbres qui, d’après lui, seraient en état de rapport dès la cinquième année. Ces chiffres me paraissent faibles, et il est probable qu’il faudrait dépenser un peu plus, et attendre un peu plus longtemps avant d’avoir un produit rémunérateur. En tout cas, les frais d’entretien paraîtraient de voir être largement couverts dès la première année par la récolte de