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puisant directement l’eau qui leur est nécessaire dans la nappe filtrante inférieure. A cet effet, il commence par défoncer le sol pour en rompre la croûte cristalline ; après quoi il le fait niveler au moyen de galères à main maniées par des hommes. Le sol ainsi préparé, on ouvre, en les descendant jusqu’au niveau de la nappe filtrante, des tranchées régulières également espacées, dans lesquelles on dispose les plants de palmiers à 10 mètres les uns des autres. Les tranchées une fois comblées, on arrose abondamment, avec les eaux d’une source supérieure, les jeunes plants, qui finissent par s’enraciner dans ce sol toujours imbibé d’eau tant par le haut que par le bas. Comme on ne plante, pour maintenir les bonnes espèces, que des drageons séparés des vieilles souches, n’ayant que peu de racines, la reprise est en général assez lente, et il faut parfois de deux à trois ans pour que la végétation commence à se manifester. Elle se développe ensuite assez rapidement pour qu’il soit inutile de continuer les arrosages superficiels ; mais il ne faut pas moins de huit à dix ans pour que l’arbre soit en état de bon rapport.

Ce genre de culture n’est pas, comme on le voit, sans exiger des frais considérables et une longue perte de temps et d’intérêts. Le produit du dattier est cependant suffisant, paraît-il, pour compenser de pareils sacrifices. En tout cas, l’expérience de M. Duffourg paraît digne de fixer l’attention, car, si elle réussit, comme il y a lieu de l’espérer, elle pourrait permettre la mise en valeur d’une grande étendue de terrains qui, jusqu’ici, étaient restés complètement improductifs. Les oasis existantes sont en effet toutes situées dans la vaste plaine d’alluvion de la vallée, desservies concurremment par les sources principales descendant des coteaux, amenées par des canaux d’une grande longueur, où elles subissent des déperditions considérables, et par des dérivations de l’O.-Djédi, qui ne fonctionnent que d’une manière très intermittente.


IV

J’ai cru de voir donner quelques détails assez circonstanciés sur les productions végétales de la vallée de l’O.-Djédi, que j’ai plus particulièrement parcourue. Cette région toutefois, bien que la plus peuplée du Sahara algérien, est loin d’être dans les meilleures conditions pour la culture du dattier : Laghouat est à une altitude et Biskra à une latitude trop élevées. Il faut descendre plus au sud pour rencontrer la véritable patrie de cet arbre providentiel du désert, qui se trouve surtout comprise entre les 30° et 34° degrés parallèles, entre le chott Mel-Guir et Goléah.

Deux régions distinctes du Sahara algérien sont plus