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de l’O.-Sadory, qui limitent cette région, le premier à l’est, le second à l’ouest. Biskra, aujourd’hui la ville la plus importante de la contrée, se trouve au débouché de la rivière de ce nom dans la vallée de l’O.-Djédi. Aucun centre de population n’existe aujourd’hui dans une position analogue au débouché de l’O.-Sadory ; mais on retrouve à Doussen des ruines romaines très considérables qui prouvent que les sources abondantes qu’on y rencontre n’étaient pas autrefois moins bien utilisées que ne le sont actuellement celles de Biskra.

L’O.-Djédi, dans cette partie de son cours, fidèle à la loi classique, empiète sur sa rive droite. Son débit d’étiage presque nul, qui n’atteignait pas 59 litres à la seconde au mois de juin, n’a pas, il est vrai, la force de ronger la formation du poudingue qui lui sert de berge, mais il l’empâte sous un manteau d’alluvions progressives, dont la nappe continue s’étend vers la gauche sur une largeur de 20 à 30 kilomètres, jusqu’au pied des contre-forts du massif algérien, sur lequel elle se prolonge en terrasses successives d’une hauteur totale de 40 mètres au moins. Il serait assez difficile de préciser si ces alluvions relativement élevées, mais de même nature que celles de la basse vallée, ont été déposées directement par la rivière ou remaniées par le vent. En tout cas, elles empâtent le pied des coteaux, à la base desquels sourdent les eaux de source provenant des infiltrations de la région du Hodna. Parmi ces sources, celles qui ont un débit assez considérable ont pu s’ouvrir un chenal à travers les alluvions. Telle est la source d’Oumach, distante de 8 à 10 kilomètres ide Biskra, dont le débit n’est pas de moins de 200 litres à la seconde et qui a déblayé son lit d’écoulement jusqu’à la roche vive ; mais le plus souvent les sources, s’imprégnant dans le sol par filtration de bas en haut, viennent s’évaporer à la surface, où se concentre le sel dont elles sont chargées. Sur toute la distance de 50 kilomètres qui sépare Biskra de Doussen, on chemine sur un terrain salé de cette nature où les affleuremens salins indiquent partout la présence de l’eau que des fouilles mettent à jour à de faibles profondeurs.

J’ai vu sur ma route un grand nombre de sondages d’essai faits par M. Duffourg qui n’ont pas plus d’un mètre de profondeur, formant autant de puits d’eau relativement douce, dont profitent les indigènes qui doivent y faire des haltes fréquentes, ainsi qu’on peut en juger à la quantité de noyaux de dattes qui germent dans les déblais retroussés sur les bords de la fouille. Des galeries de drainage convenablement dirigées permettraient de capter ces eaux et de les réunir en courant assez abondant pour les faire servir à l’irrigation des terrains inférieurs. M. Duffourg s’est proposé de les utiliser d’une manière plus simple par des plantations de palmiers