et ses vêtemens flottent au vent ; son bras droit montre le ciel, son bras gauche abaissé et sa jambe repliée semblent lui donner une impulsion nouvelle. Ce Christ fend l’air avec l’impétuosité de l’oiseau et la majesté de l’homme. Vu d’en bas, il a l’air de percer la voûte, d’y faire une trouée de soleil. La joie d’une sympathie illimitée donne à son regard la splendeur d’un feu vraiment divin. Son front, où brillent la vérité et la justice, n’a point d’autre auréole. Un sourire ineffable entr’ouvre ses lèvres ; il boit la Lumière qui l’enveloppe et la rend aux bons et aux justes en torrens d’amour. Dans la frange de nuages qui environnent le Christ on distingue une foule d’anges qui sont comme lissés dans la lumière. Ces têtes aériennes de chérubins, avec leur chevelure lumineuse et leurs beaux yeux foncés, pressés et comme condensés en un cercle immense pour voir le Christ, sourient dans toutes les nuances du pur bonheur enfantin. Au milieu de ces masses légères et fluctuantes, inondées d’un jour irradiant, le maître ressort avec la blancheur de l’éclair et précipite sa course dans les profondeurs du ciel. »
Cette image du juste triomphant, complètement isolée, forme le centre de la composition. Sous le Christ, en bas, sur le pourtour de la coupole, on voit l’apôtre Jean littéralement atterré au sommet d’une montagne et comme foudroyé par la lumière qui le frappe. Ce n’est plus le jeune inspiré de tout à l’heure ; c’est le vieillard de Patmos qui assiste à l’accomplissement de son rêve. Il est à demi couché sur un grand livre qu’un aigle noir soutient de ses ailes et regarde le Christ en plein. Au-dessus de lui les trois autres évangélistes sont grandiosement campés sur des nuages amoncelés par le souffle de la tempête. Les huit autres apôtres sont assis deux à deux sur d’autres nuées tout autour de la voûte. Leurs attitudes pleines d’aisance et de majesté, de variété et de force, peignent les impressions diverses que chacun d’eux ressent sous le coup de la vision. Philippe a l’air morose et Taddée semble demander au maître déjà si loin de lui pourquoi il ne redescend pas sur la terre. Le vieux Pierre tient sa clé et montre le ciel avec une tranquille assurance, tandis que Paul, dans une attitude penchée, est absorbé en lui-même. Les deux figures les plus remarquables sont celles de Thomas et de Jacques l’aîné. Thomas, splendide jeune homme, beau comme un athlète, s’est penché en arrière ; il regarde le Christ avec la surprise et le ravissement d’un homme qui a longtemps douté et voit enfin de ses yeux ce qu’il n’avait pas cru possible. Quant à Jacques, son expression est bien différente. Tête puissante sur un corps herculéen, il est assis dans un coin de nuage, il s’y appuie de l’épaule et regarde droit devant lui. « Ses grands yeux fixes et noirs reluisent comme des charbons ardens dans leurs orbites profondes. Ses cheveux et sa barbe encadrent sa figure au galbe