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accuse, en 1961, un profit de 10,000 dollars en fruits, vins, boutures, plants produits d’un tiers d’acre (13a33). Il considère 1,000 gallons à l’acre comme une récolte moyenne ; chez lui elle s’élève à 2,500 gallons. Ce cépage est justement nommé le grape for the million là où il réussit, et mérite d’être maintenu, quoique son origine labrusca rende sa résistance douteuse. Dans l’Est, on se plaint de sa qualité, mais la saison y est trop courte pour laisser le fruit mûrir suffisamment sur la souche ; il réussit, au contraire, partout autour de New-York et d’Herrmann ; il prospère là où le catawba et l’isabelle périssent.

Le rôle du taylor (propagé par le juge Taylor, de Jéricho (Kentucky) est assez nul en Amérique ; sa fertilité est contestée et contestable ; il est difficile qu’une fleur aussi incomplète et irrégulièrement partagée du côté des étamines produise une grappe serrée et à grains réguliers. Plusieurs auteurs affirment qu’avec une taillée longue et un vigoureux pincement en vert, on arrive à une production normale ; d’autres, également sérieux, affirment le contraire. On doit conclure de ces opinions contradictoires, ou que le sol a une influence extraordinaire sur ce cépage, ou que l’on s’est adressé à des variétés ou sous-variétés différentes. Le taylor a son utilité comme porte-greffe, et ses semis ont déjà produit des variétés qui lui sont très supérieures au point de vue de la fructification. Le black-pearl entr’autres s’annonce remarquablement ; l’elvira a déjà fait ses preuves comme raisin blanc,.. et bien d’autres encore trop longs à énumérer.

L’herbemont est certainement le pivot autour duquel les variétés résistantes gravitent. Nicolas Herbemont multiplia une vieille vigne, connue depuis 1798, qu’il avait remarquée chez le juge Huger, à Colombia (Sud-Caroline) et qu’il considérait justement comme indigène… Plus tard, en 1834, des gens mal informés ébranlaient sa foi en lui affirmant que la vigne originelle venait de France. Mais tout tend à détruire cette assertion : la difficulté de reprise des boutures, la résistance absolue au phylloxéra et enfin la découverte, dans le comté de Warren, de vignes sauvages absolument semblables à la vigne du juge Huger.

Husmann dit que l’hrrbemont supplantera le catawba et l’isabelle, que ce raisin est délicieux et qu’il sera le leading-vine du Sud sitôt que l’abolition de l’esclavage aura permis à la viticulture de prendre son véritable essor. Il ajoute : « Si vous avez une chaude exposition au sud, avec sous-sol légèrement calcaire, plantez l’herbemont, vous ne serez pas désappointé[1]. » L’herbemont demande

  1. Husmann, Grapes and Wine, page 49.