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LE SALON
ET SES VICISSITUDES

C’est en 1699 que l’Académie royale des peintres et sculpteurs exposa, pour la première fois, ses ouvrages dans le Louvre. Depuis ce temps, les expositions d’art, patronnées ou dirigées par l’état, se sont succédé à courts intervalles, le plus souvent d’année en année, avec une régularité qui fait honneur à la puissance productive des artistes français. Mais il en est du Salon comme de toutes les institutions, qui ne durent qu’à la condition de se transformer sous l’action des transformations sociales. Depuis deux siècles, son organisation s’est constamment modifiée avec une mobilité d’autant plus grande que l’esprit des artistes dont les intérêts sont en jeu est un esprit plus libre et plus éveillé, plus prompt à s’éprendre des idées nouvelles, plus ardent à poursuivre la perfection insaisissable. Les changemens, presque toujours progressifs, que cette agitation perpétuelle a apportés dans le régime des expositions, seront sans doute suivis encore de bien d’autres. L’importance chaque jour plus grande que prennent les beaux-arts et les artistes dans la vie intellectuelle et commerciale des peuples modernes, changent forcément les conditions dans lesquelles s’exerçait, jusqu’à présent, la protection mal définie du gouvernement. Les devoirs de l’état n’ont rien d’immuable, non plus que ses droits ; l’intérêt seul de la chose publique les resserre ou les étend, et l’utilité de son intervention ne